Les recherches pour retrouver des survivants ont été stoppées lundi à Padang, où la priorité était désormais de prévenir les risques d'épidémies cinq jours après le séisme qui a frappé l'ouest de l'île indonésienne de Sumatra.

Les opérations de secours étaient rendues encore plus difficiles par le mauvais temps, de fortes pluies étant tombées dimanche et lundi sur la zone touchée. «La pluie ne fait qu'accroître notre malheur», a déploré lundi Simah, qui a perdu sa maison dans le village de Koto Mambang, à une quarantaine de kilomètres de Padang.

Sa famille et ses voisins ont trouvé refuge sous des tentes de fortune «mais elles fuient beaucoup». «Les enfants souffrent de diarrhée et n'arrêtent pas de pleurer», témoigne-t-il.

Le mauvais temps freine l'arrivée de l'aide dans ces villages où la plupart des habitations ont été soit rasées soit ensevelies par des glissements de terrain, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il rend aussi difficile l'établissement, dans un terrain boueux, d'un hôpital de campagne par l'équipe de 40 sauveteurs envoyée par la Russie. «Il a beaucoup plu mais nous avons réussi à l'établir, avec huit grandes tentes», se félicité Olga Proshina, son porte-parole.

L'objectif est d'y soigner les blessés et de prévenir la propagation d'épidémies.

«À cause des mauvaises conditions sanitaires et du manque d'eau propre, même une petite blessure peut mettre une vie en péril», met en garde l'ONG World Vision.

Le retrait des corps en décomposition sous les décombres est désormais la priorité des autorités indonésiennes, qui ont mis fin lundi aux recherches de survivants à Padang, n'ayant plus guère d'espoirs d'en découvrir, cinq jours après le séisme de magnitude 7,6.

«Les opérations d'urgence sont remplacées par l'assistance à la population», a résumé le capitaine Stéphane Nisslé, officier de communication du détachement envoyé par la France.

Pour les 72 membres de la Sécurité civile dimanche à Padang, l'un des objectifs est de «fournir de l'eau potable et propre» en attendant que le réseau, fortement endommagé, ne puisse être réparé, explique-t-il.

À pied d'oeuvre depuis vendredi avec des chiens renifleurs, les 115 sauveteurs suisses ont cessé de sonder les gravas d'hôtels et d'écoles en regrettant «de n'avoir pas pu retrouver de personnes vivantes», selon Michel Mercier, leur porte-parole.

Le bilan de la catastrophe restait lundi difficile à établir. Prudente, la ministre indonésienne de la Santé, Siti Fadilah Supari, a prévu que le nombre de morts «pourrait atteindre les 3000», dont seuls 551 avaient été confirmés dimanche.

Signalant un timide retour à la normale, quelques écoles ont rouvert leurs portes lundi matin.

«Le gouverneur nous a demandé de reprendre les cours, mais seuls 60 élèves sur 800 sont venus», témoigne Karmila Suryani, un professeur de l'école Muhammadiyah à Padang.

Yusnidar, 60 ans, s'active aussi pour relancer son restaurant. «Je dois gagner de l'argent et j'ai douze personnes qui travaillent ici», explique-t-elle. «Le problème est d'acheter des aliments. Les prix ont augmenté de 20% en moyenne».

Comme la plupart des habitants de Padang, elle n'envisage pas de s'installer ailleurs, même si le risque de tremblement de terre va demeurer extrêmement présent dans cette région de forte activité sismique.

«Il faut vivre avec. L'important est de savoir comment réagir quand une telle catastrophe survient», témoigne-t-elle.