Une course contre la montre pour retrouver des survivants a été lancée jeudi à Padang, sur l'île indonésienne de Sumatra, où un puissant séisme a probablement tué plusieurs milliers de personnes, ensevelies sous les décombres.

Le bilan officiel s'établissait à 770 morts dans la soirée, a indiqué Tugyo Bisri, un responsable du ministère des Affaires sociales. Mais nul doute qu'il devrait considérablement augmenter, au fur et à mesure que seront engagées les recherches dans les décombres des maisons et immeubles qui se sont écroulés après le séisme de magnitude 7,6 survenu mercredi en fin d'après-midi.

«Nous pensons que des milliers (de personnes) sont mortes», a déclaré le chef de la cellule de crise du ministère de la Santé, Rustam Pakaya.

Les recherches ont été rendues difficiles par la pluie, le manque d'engins de chantier pour déblayer les débris et les axes coupés par des glissements de terrain, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'hôpital principal de la ville, partiellement endommagé, un flot constant de blessés a envahi les tentes dressées dans l'urgence pour soigner des fractures ou des blessures à la tête. «Nous sommes submergés et manquons de médecins et d'infirmières», a déploré l'un des docteurs présents, Emilzon.

Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a appelé son gouvernement à apporter rapidement une aide aux victimes par avions ou bateaux, les axes routiers étant difficiles praticables. «Nous avons envoyé 200 médecins et infirmières, huit tonnes de médicaments, huit tonnes d'aliments pour bébés et des tentes», a indiqué M. Pakaya. Le gouvernement a également débloqué 26 millions de dollars pour venir en aide aux démunis tandis que plusieurs pays, dont le Japon et la Suisse, ont annoncé l'envoi d'équipes spécialisées.

Mais le temps presse car «la ville est sans dessus dessous», selon Enda Balina, secouriste pour l'ONG World Vision. «Les administrations sont fermées, il n'y a pas d'électricité et, même si les réseaux ont repris, il est très difficile de communiquer», a-t-elle témoigné.

Il faut également faire vite pour porter secours aux personnes coincées qui, sans eau ni nourriture, peuvent rapidement s'affaiblir, selon elle.

Les dégâts sont également jugés importants dans la région montagneuse proche de Padang, où «de nombreuses routes ont été coupées par des glissements de terrain», selon un responsable des secours. «Dans un village, seuls 5% des bâtiments sont toujours debout».

De nombreux habitants ont décidé de quitter Padang, grande cité portuaire de près d'un million d'habitants sur les bords de l'océan Indien, par crainte de fortes répliques susceptibles de provoquer aussi un tsunami.

La terre a de nouveau tremblé jeudi matin, avec un séisme de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter localisé à environ 150 km au sud de Padang. Les autorités ont fait état de blessés et de maisons endommagées.

Depuis plusieurs années, les scientifiques mettaient en garde contre le risque d'un séisme majeur sur la côte ouest de Sumatra, proche d'une grande faille continentale.

Cette inquiétude s'était accrue après le séisme de magnitude 9,1 qui avait déclenché, en décembre 2004, un tsunami catastrophique dans le nord de Sumatra. Plus de 200.000 personnes avaient été tuées dans plusieurs pays d'Asie, dont 168.000 en Indonésie.

«L'ouest de Sumatra est comme un supermarché pour les désastres géologiques: il y a des volcans actifs, des glissements de terrain, des tremblements de terre...», a résumé le chef du Centre de recherche de volcanologie, Surono.