La nouvelle Chambre des députés japonaise est la plus féminine de l'histoire du pays, avec 54 députés féminins sur 480. Parmi ces nouvelles députées, Eriko Fukuda, nouvelle coqueluche des médias au Japon. Portrait d'une des nouvelles «princesses» politiques.

Eriko Fukuda termine une conférence de presse et les journalistes se précipitent sur elle. À 28 ans, la plus jeune députée au Parlement japonais est devenue la coqueluche des médias du pays.

 

Du haut de son 1 mètre 50, elle est tout sourire devant les caméras. Elle a de quoi avoir une mine réjouie. Aujourd'hui, elle s'installe dans ses nouveaux bureaux de députée à Tokyo, à un jet de pierre de la Diète, le parlement japonais.

Une meute de reporters, dont la plupart sont des hommes, se presse dans les petits locaux de la jeune femme pour lui demander, entre autres, comment elle décorera l'endroit. Se conformant au protocole, elle s'incline à chaque question et remercie ses interlocuteurs à plusieurs reprises.

Eriko Fukuda fait partie du «bataillon des princesses» du Parti démocrate du Japon (PDJ) de Yukio Hatoyama, nouveau premier ministre depuis le 16 septembre. La stratégie électorale du PDJ a été de présenter de jeunes femmes charismatiques contre de vieux routiers politiques du Parti libéral démocrate.

La jeune femme était célèbre au Japon bien avant d'être élue. Eriko s'est fait connaître du grand public il y a deux ans. Elle a pris part à une vaste campagne pour obtenir des compensations de l'État après avoir contracté l'hépatite C en raison de transfusions de sang contaminé.

À l'instar d'autres candidates, Eriko Fukuda l'a emporté avec une majorité dans la circonscription de Nagasaki contre Fumio Kyuma, 67 ans, ancien ministre de la Défense.

Pour elle, s'installer dans ses bureaux représente un renversement de situation. «Jusqu'à présent, c'est moi qui allais voir des députés pour me plaindre du problème de l'hépatite C. Maintenant, c'est moi qui vais accueillir les gens, qui les écouterai. Je suis à la fois un peu nerveuse et pleine d'espoir», explique-t-elle derrière son bureau, bombardée par les flashs d'appareils photo.

Eriko Fukuda reconnaît que la route est longue pour parvenir à l'égalité entre hommes et femmes. Malgré tout, le Japon reste un des pays développés où les femmes sont le moins bien représentées en politique. Un milieu qui demeure difficile à percer.

«Malgré le principe de l'égalité des sexes, les députées sont peu nombreuses dans le milieu politique. Je pense que je pourrai faire beaucoup en tant que porte-parole des femmes, surtout dans le domaine de la santé», dit-elle.

«Je ne suis pas encore mariée, et je n'ai pas d'enfants, poursuit la députée. Mais je pense que la situation sociale est toujours difficile pour les femmes, notamment à cause de la baisse de la natalité. Il est encore très compliqué de travailler en élevant des enfants. C'est un sujet auquel je veux réfléchir.»

Non seulement y a-t-il encore place à amélioration quant au nombre de députées au Japon, mais le nombre record d'élues ne s'est pas reflété dans la répartition des ministères. Les femmes n'ont obtenu que deux des postes de ministre sur les 17 portefeuilles disponibles.