Le Parti démocrate du Japon (PDJ), favori des législatives de dimanche, a promis une politique économique axée sur l'éradication des inégalités sociales, un «programme à la Robin des Bois» à propos duquel les économistes sont partagés.

Allocations familiales, gratuité de l'enseignement, amélioration du sort des chômeurs, limitation des contrats de travail précaires, abolition des péages autoroutiers... «Nous augmenterons le revenu disponible de chaque foyer et nous éliminerons l'anxiété face au quotidien», affirme le PDJ dans son programme. La quasi-totalité des promesses s'adressent aux ménages et aux plus démunis, le PDJ se montrant peu bavard quant à ses projets en faveur des entreprises.

Il prévoit toutefois d'abaisser de 18 à 11% l'impôt pour les petites et moyennes sociétés, et de subventionner les produits «verts» comme les voitures hybrides ou électriques et les panneaux solaires.

«Notre stratégie, c'est de commencer par améliorer les revenus des ménages, ce qui fera croître ensuite l'économie», a expliqué le chef du PDJ Yukio Hatoyama, qui deviendra premier ministre en cas de victoire.

Le PDJ a chiffré à 16 800 milliards de yens (125 milliards d'euros) le coût annuel de son programme à partir de 2012. Un montant qu'il compte financer en faisant la chasse aux «gaspillages» budgétaires, comme les travaux publics prodigues et les subventions clientélistes aux régions. Il veut aussi réduire les salaires des fonctionnaires et puiser dans le «trésor caché» constitué des participations dans les entreprises et des biens immobiliers de l'État.

L'actuel ministre des Finances, Kaoru Yosano, a lâché qu'il serait nécessaire, pour respecter ce programme à la lettre, d'augmenter la taxe sur la consommation à 25%, contre 5% actuellement.

Les conservateurs au pouvoir ont promis, pour leur part, un taux de croissance économique annuel de 2% à partir de 2010 et d'augmenter le revenu annuel de chaque ménage d'un million de yens (7600 euros) en dix ans.

Le PDJ a admis la nécessité d'une hausse de la taxe sur la consommation. Mais il a fait savoir qu'il ne prendrait aucune décision à ce sujet avant les législatives suivantes, qui auront lieu en principe en 2013.

«La politique économique du PDJ ressemble à un scénario fantasmatique à la Robin des bois», critique Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities, selon qui les démocrates ont «une approche quasi-socialiste».

Alors que le Japon est déjà le pays développé le plus endetté du monde, avec une ardoise qui atteint presque deux fois le montant du produit intérieur brut (PIB), M. Jerram craint qu'«un gouvernement PDJ populiste ait encore moins de crédibilité que l'actuel pour ce qui est de stabiliser les finances publiques».

Noriko Hama, économiste à la Doshisha Business School de Kyoto, estime au contraire qu'«une nouvelle approche en politique économique, centrée sur les individus plutôt que sur les entreprises, est une nécessité à cause des inégalités qui commencent à s'installer dans la société japonaise».

En 2008, plus du tiers de la main d'oeuvre au Japon était constituée de travailleurs précaires, contre seulement un cinquième en 1990. On recensait l'an dernier quelque 620.000 jeunes de 15 à 34 ans à la dérive, hors du monde du travail ou de l'éducation, selon des statistiques officielles.

«Une combinaison de politiques à la Robin des Bois et à la Don Quichotte est précisément ce dont le Japon a besoin en ce moment», affirme Mme Hama.