Des émissaires nord-coréens ont remis un message oral de leur leader Kim Jong-il au président sud-coréen Lee Myung-bak lors d'une rencontre exceptionnelle dimanche à Séoul, qui a fait naître l'espoir d'une détente entre les deux Corées.

La délégation nord-coréenne a remis un message «concernant les progrès dans les relations inter-coréennes», a déclaré Lee Dong-kwan, le porte-parole du président sud-coréen, sans fournir de détails sur sa teneur en raison de son caractère «sensible».

La rencontre d'une trentaine de minutes s'est tenue au Palais présidentiel à Séoul, le jour même des funérailles nationales de l'ex-président Kim Dae-jung, ancien prix Nobel de la Paix et artisan d'une politique d'ouverture envers Pyongyang, décédé mardi à 85 ans.

Le président Lee, un conservateur partisan d'une ligne intransigeante à l'égard du voisin communiste, «a expliqué les principes constants et fermes de la politique du gouvernement vis-à-vis de la Corée du Nord et demandé à la délégation du Nord de les relayer» auprès de Kim Jong-il, a précisé le porte-parole sud-coréen devant la presse.

Il a indiqué que l'ambiance de la rencontre avait été «franche et courtoise».

«Je pars avec une bonne impression», a déclaré de son côté Kim Ki-nam, un proche collaborateur de Kim Jong-il, membre de la délégation, selon l'agence Yonhap.

Cette rencontre fait naître l'espoir d'une détente, après plus d'un an de graves tensions entre les deux voisins, toujours officiellement en guerre depuis le sanglant conflit de 1950-53.

Les relations entre les deux États se sont particulièrement tendues depuis que la Corée du Nord a mené le 25 mai son deuxième essai nucléaire, condamné par l'ONU, et annoncé n'être plus liée par l'armistice de 1953.

La délégation nord-coréenne, forte de six hauts responsables, était arrivée vendredi à Séoul, initialement uniquement pour rendre hommage à l'ancien président sud-coréen, un geste sans précédent de la part de Pyongyang.

La délégation a quitté Séoul sans participer aux obsèques de Kim, qui se sont déroulées devant quelque 20 000 personnes réunies devant le Parlement.

L'ex-président (1998-2003) fut le premier chef d'État du Sud à se rendre à Pyongyang où il signa, le 15 juin 2000 avec Kim Jong-il, une déclaration commune marquant le réchauffement des relations.

Samedi, un membre de la délégation nord-coréenne avait émis le voeu d'une amélioration rapide des relations entre les deux voisins.

«Ayant rencontré de nombreux Sud-Coréens ici, j'en suis venu à croire que les relations inter-coréennes devaient être améliorées le plus tôt possible», avait déclaré Kim Yang-gon, responsable nord-coréen chargé des relations bilatérales, au cours d'un entretien avec Hyun In-taek, ministre sud-coréen de l'Unification.

La rencontre de samedi était la première entre les deux pays depuis la prise de fonctions du président Lee.

La délégation nord-coréenne a également plaidé en faveur d'une reprise des discussions inter-coréennes et des échanges économiques, a déclaré Chung Dong-young, ancien ministre de l'Unification.

Le régime nord-coréen a reçu au début du mois l'ex-président américain Bill Clinton qui s'est entretenu avec Kim Jong-il et a obtenu la libération de deux journalistes américaines, condamnées pour entrée illégale sur le territoire nord-coréen.

Pyongyang a également promis la semaine dernière de lever les restrictions pour les passages transfrontaliers avec le Sud et d'autoriser la reprise des voyages touristiques vers le Nord.