Le sénateur américain Jim Webb a rencontré Aung San Suu Kyi samedi, selon des témoins ayant requis l'anonymat. Il est le premier responsable étranger à voir l'opposante birmane, condamnée mardi à 18 mois d'assignation à résidence après avoir déjà passé 14 des 20 dernières années privée de liberté.

Le sénateur Webb, premier membre du Congrès à se rendre dans le pays depuis plus de dix ans, s'est apparemment entretenu auparavant avec le chef de la junte au pouvoir, le général Than Shwe, dans la capitale officielle de Naypyitaw, mais les autorités n'ont pas confirmé. Aung San Suu Kyi, qui a retrouvé sa résidence, a été conduite dans un bâtiment gouvernemental non loin pour une rencontre de 40 minutes avec le sénateur Webb, après quoi les journalistes l'ont vue remonter dans la voiture pour rentrer chez elle.

La venue de l'élu démocrate en Birmanie et son intention de voir le général Than Shwe quelques jours après la condamnation de l'opposante avaient été critiquées par des dissidents birmans qui craignaient que cela ne revienne à cautionner le régime militaire, mais la Maison-Blanche a déclaré qu'elle soutenait ce déplacement sur le principe. Un porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi a déclaré que son parti «ne portait aucun intérêt à Jim Webb car il n'est pas connu pour s'intéresser aux affaires birmanes».

Jim Webb pourrait avoir obtenu la permission de s'entretenir avec la lauréate du prix Nobel de la paix dans le but d'atténuer les critiques de la communauté internationale à l'égard de la Birmanie. En juillet, le régime avait empêché le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, de rencontrer Mme Suu Kyi pendant ses deux jours sur place.

On ignore si le sénateur a prévu de rencontrer l'Américain John Yettaw, condamné à sept ans de prison pour s'être introduit dans la résidence de Mme Suu Kyi, ce qui a valu à cette dernière d'être condamnée pour violation de son assignation à résidence. L'avocat de John Yettaw a jugé très improbable que son client quitte le pays avec M. Webb mais qu'une expulsion était envisageable plus tard.

Aung San Suu Kyi n'avait jamais été officiellement condamnée auparavant. Mardi, elle a initialement écopé de trois ans de prison et de travaux forcés mais la peine a été immédiatement commuée en 18 mois d'assignation à résidence.

Son maintien en détention chez elle l'empêchera de participer directement à la vie politique alors que la junte compte organiser en 2010 les premières élections depuis 1990. À l'époque, la dictature militaire avait confisqué la victoire écrasante de la LND.