Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU poursuivaient mercredi leurs discussions afin de trouver un accord sur un communiqué dénonçant la condamnation de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, les diplomates occidentaux tentant de rallier Pékin à la cause.

Les 15 membres du Conseil avaient interrompu leurs entretiens à huis-clos mardi soir sans parvenir à s'entendre sur le projet de texte porté par les Etats-Unis, certains pays, dont les détenteurs de veto que sont la Chine et la Russie, ainsi que le Vietnam, insistant pour consulter leurs capitales.

Une nouvelle réunion plénière était prévue mercredi après-midi mais a été annulée au profit de la poursuite de discussions bilatérales pour tenter de rallier tous les membres du Conseil, y compris la Chine, principal allié de la Birmanie, à l'élaboration d'un texte non contraignant qui requiert l'unanimité pour être adopté.

Mercredi matin, l'ambassadeur britannique à l'ONU, John Sawers, qui dirige le Conseil ce mois-ci, a rencontré l'ambassadeur adjoint de la Chine à l'ONU Liu Zhenmin avant une rencontre des cinq membres permanents (Grande-Bretagne, Chine, France, Russie et Etats-Unis), a indiqué une source diplomatique sous couvert d'anonymat.

Les collaborateurs de M. Sawers n'ont pas donné de détail sur les discussions à huis-clos de mercredi, mais l'annulation de la réunion plénière laisse penser que les pays occidentaux, à l'initiative du texte, ont encore besoin de temps pour parvenir à un consensus.

Lé délégation chinoise, de son côté, n'a pu être jointe pour commenter les instructions reçues de Pékin. Le ministère chinois des Affaires étrangères a appelé mercredi la communauté internationale à respecter la souveraineté de la justice birmane.

Le projet de texte préparé par les Etats-Unis «réprouve la condamnation et la sentence infligées à Aung San Suu Kyi et exprime une grave inquiétude sur l'impact politique que ce geste a sur la situation» en Birmanie.

Il appelle les autorités birmanes «à libérer Aung San Suu Kyi et tous les autres prisonniers politiques» et souligne le besoin pour la junte de «créer une atmosphère propice à un processus électoral complet et crédible avec la participation de tous les acteurs politiques».

L'assignation à résidence de Mme Suu Kyi a été prorogée de 18 mois mardi, les autorités birmanes estimant qu'elle avait enfreint les règles de cette assignation en hébergeant pendant deux jours, début mai, l'Américain John Yettaw qui était parvenu à la nage jusqu'à son domicile.

La lauréate du prix Nobel de la paix a déjà été privée de liberté pendant 14 des 20 dernières années. Si aucune mesure de clémence n'est annoncée d'ici 2010, elle ne pourra pas participer aux élections nationales fixées à l'année prochaine par la junte.

Selon des diplomates, la Chine, qui maintient des liens étroits avec la Birmanie, et la Russie estiment qu'il s'agit d'une affaire interne, comme c'était le cas en octobre 2007 lors de discussions précédant l'adoption d'une déclaration non-contraignante du Conseil déplorant la répression de la junte à l'encontre de manifestants pacifiques.

D'autres membres du Conseil, comme le Vietnam et la Libye invoquent également le principe de non-ingérence dans les affaires d'un Etat membre de l'ONU pour résister aux pressions de Washington, Paris et Londres, visant à infliger des mesures punitives aux dirigeants birmans.