Le verdict dans le procès de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, jugée pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, sera rendu vendredi, a annoncé mardi son avocat.

«Nous avons de bonnes chances au regard de la loi, mais nous ne pouvons pas anticiper la décision de la Cour car c'est un dossier politique», a déclaré à l'AFP Nyan Win, l'un des avocats de l'opposante et porte-parole de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

«Si elle est libérée de façon inconditionnelle, elle pourra rentrer chez elle. Dans le cas contraire, la peine sera prononcée à l'énoncé du verdict», a précisé Me Nyan Win.

Les débats devaient s'achever mardi avec les dernières plaidoiries de la défense.

Un verdict défavorable semble cependant faire peu de doute, tant la junte birmane s'est employée à museler «La Dame» de Rangoun, dont elle redoute la popularité.

Les chancelleries occidentales ont qualifié le procès de «farce» visant à justifier son maintien en détention. La période d'assignation à résidence de Mme Suu Kyi expirait théoriquement le 27 mai et certains pays occidentaux ont estimé qu'avec ce procès, la junte avait trouvé «le prétexte» pour prolonger sa détention.

Mme Suu Kyi a passé 13 des 19 dernières années en résidence surveillée, depuis que la junte militaire a refusé d'admettre sa victoire aux dernières élections organisées en Birmanie, en 1990.

Lors de ce scrutin pluraliste, la LND avait remporté une écrasante victoire, mais l'armée avait refusé de reconnaître les résultats.

La lauréate du prix Nobel de la paix est aujourd'hui passible de cinq ans de prison pour avoir reçu en mai un Américain qui s'était invité chez elle après avoir traversé un lac à la nage.

Âgée de 64 ans, la figure de proue de l'opposition est détenue depuis le 14 mai à la tristement célèbre prison d'Insein, au nord de Rangoun.

Tout au long de son procès, qui s'était ouvert le 18 mai à huis clos, elle n'a cessé de clamer son innocence, dénonçant le caractère «partial» et «politique» de sa mise en accusation.

Durant les débats, ses avocats ont fait valoir que cette dernière ne pouvait être tenue responsable des actes de l'Américain John Yettaw et qu'elle avait été inculpée en vertu d'une constitution qui n'est plus en vigueur depuis plus de deux décennies.

Ils ont également relevé que l'accusation a pu appeler 14 témoins à la barre, alors que la défense n'a eu droit qu'à deux témoins.

Une condamnation à ce procès risque d'écarter Mme Suu Kyi de la vie politique, alors que la junte veut organiser des élections en 2010.

Face aux appels de la communauté internationale en faveur d'une libération du prix Nobel de la Paix, la junte a incité «les pays étrangers (à) s'abstenir d'interférer dans les affaires intérieures de la Birmanie».

Des personnalités -parmi lesquelles la prix Nobel de la Paix iranienne Shirin Ebadi, le footballeur anglais David Beckham et les acteurs américains George Clooney et Julia Roberts- se sont également mobilisées via Internet pour apporter leur soutien à Mme Suu Kyi.