La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a pressé jeudi l'Asie d'appliquer avec fermeté les sanctions internationales contre Pyongyang, dénonçant la «résistance inquiétante» de la Corée du Nord à se dénucléariser.

«La délégation nord-coréenne n'a offert qu'un refus insistant de reconnaître que la Corée du Nord était engagée sur le mauvais chemin», a-t-elle estimé en marge d'un Forum sur la sécurité (ARF) de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean).

«Ils n'ont manifesté aucune volonté de poursuivre sur la voie de la dénucléarisation et c'était inquiétant», a-t-elle ajouté.

Pour tenter de convaincre la Corée du Nord, la responsable américaine a avancé la perspective d'«une aide énergétique et économique significative» en échange.

Mais Pyongyang lui a opposé une fin de non recevoir, jugeant son offre «absurde». Un diplomate de nord-coréen présent à Phuket a laissé peu d'espoir de voir son pays revenir en l'état aux pourparlers à six pays (Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Japon, Russie, États-Unis) sur sa dénucléarisation.

Selon ce responsable, Ri Hung-Sik, ces négociations sont «déjà mortes» et les discussions ne pourront pas reprendre tant que Washington n'aura pas «abandonné sa politique hostile».

Pyongyang a quitté la table des pourparlers après avoir été condamné par l'ONU pour un tir de fusée en avril. Depuis, le régime communiste a procédé à un deuxième essai nucléaire et des tirs de missiles, déclenchant une nouvelle résolution de l'ONU que Mme Clinton à demandé à l'ARF de fermement appliquer.

Adoptée le 12 juin à l'unanimité, la résolution 1874 de l'ONU prévoit un système renforcé d'inspection des cargaisons aériennes, maritimes et terrestres à destination ou en provenance de Corée du Nord, y compris en haute mer, et un élargissement de l'embargo sur les armes. Elle interdit de fournir tout service financier susceptible de bénéficier au programme d'armement nord-coréen.

La secrétaire d'Etat, pour qui Pyongyang «n'a plus d'amis pour (la) protéger des efforts de dénucléarisation de la communauté internationale», s'est félicitée d'avoir été entendue par de «nombreux» pays, y compris la Birmanie, sur cet appel à un strict respect des sanctions onusiennes.

Plus tôt dans la semaine, Mme Clinton avait fait part de ses inquiétudes sur une possible coopération nucléaire entre Pyongyang et la junte au pouvoir en Birmanie, «mouton noir» de l'Asean depuis qu'il l'a rejointe en 1997.

Ces craintes de liens nucléaires ont été alimentées le mois dernier par des déclarations de responsables américains affirmant qu'un bateau nord-coréen soupçonné de transporter des armes se dirigeait vers la Birmanie. Ainsi que par des images diffusées par des Birmans en exil montrant, selon eux, un réseau de tunnels construits par des experts nord-coréens sur le territoire birman.

La Birmanie a elle-même une nouvelle fois retenu l'attention des ministres des Affaires étrangères de l'ARF cette semaine.

Mercredi, les États-Unis, qui ont aussi signé un pacte de non-agression (le Traité d'amitié et de coopération, TAC) avec l'Asean, avaient déjà redemandé à la junte birmane de libérer l'opposante Aung San Suu Kyi. La Prix Nobel de la Paix est incarcérée depuis mi-mai pour violation présumée des règles de son assignation à résidence. En cours de jugement, elle risque jusqu'à cinq ans de prison.