Un ancien employé chargé des interrogatoires à la prison de Tuol Sleng, au Cambodge, a raconté mardi les techniques enseignées par les Khmers rouges dans le centre de détention dirigé par Douch, dont le procès se poursuit devant le tribunal spécial.

Prak Khan, 58 ans, a témoigné contre Douch, jugé depuis fin mars pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité devant le tribunal spécial parrainé par l'ONU.

«On nous apprenait à torturer les prisonniers tout en évitant qu'ils meurent; car si tel était le cas, on n'obtenait pas de confession et nous étions punis», a-t-il déclaré devant la cour.

Prak Khan avait été désigné pour mener des interrogatoires en 1976 après avoir été initialement embauché comme garde à la prison de Tuol Sleng, également connue sous le nom de S-21.

Il a affirmé que Douch et d'autres cadres Khmers rouges leur enseignaient des techniques de torture. «On nous apprenait à fouetter les prisonniers avec des bâtons, comment les électrocuter et utiliser des sacs plastique pour les asphyxier», a-t-il dit.

«Les détenus avaient interdiction de crier, de jurer ou de crier des slogans», a-t-il ajouté.

La torture était utilisée jusqu'à ce que les prisonniers avouent être des espions et livrent les noms de leurs présumés comparses.

Kaing Guek Eav, alias «Douch», est accusé d'avoir supervisé l'élimination de plus de 15.000 personnes à la prison de Tuol Sleng sous le régime ultra-communiste des Khmers rouges (1975-1979).

Le 31 mars, «Douch», 66 ans, avait admis sa part de responsabilité et demandé pardon aux victimes des Khmers rouges. Il a cependant affirmé n'avoir jamais tué quiconque.

Quatre autres responsables au profil plus politique du «Kampuchéa démocratique» doivent être jugés l'an prochain.

Près de deux millions de personnes, soit environ un quart de la population cambodgienne, ont trouvé la mort sous le régime de Pol Pot qui a fait régner la terreur il y a trois décennies. Les Khmers rouges ont été chassés du pouvoir par des forces vietnamiennes.