La Corée du Nord a procédé samedi, pour la deuxième fois de la semaine, à une série de tirs de missiles, vraisemblablement pour adresser un message aux États-Unis qui célébraient le même jour leur fête nationale.

Selon le ministère sud-coréen de la Défense, sept engins de courte portée (entre 400 et 500 kilomètres) ont été tirés en mer du Japon depuis la côte orientale du pays communiste.

Ces tirs constituent une violation flagrante de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU interdisant au régime tout essai nucléaire ou tir de missile.

L'agence de presse sud-coréenne Yonhap a affirmé qu'il s'agissait de Scud ou de Rodong-1, dont la portée théorique (1000-1300 kilomètres) aurait été bridée.

Pyongyang avait testé jeudi quatre missiles, mais dont le rayon d'action n'avait été estimé qu'à 120 kilomètres.

Déjà en 2006, la Corée du Nord avait privilégié la date de la fête nationale américaine pour tirer sept missiles, dont un Taeopodong-2 à longue portée (6700 kilomètres) censé pouvoir atteindre l'Alaska. L'engin avait explosé peu après le décollage.

«La Corée du Nord devrait éviter toute action pouvant aggraver les tensions et se concentrer sur les négociations de dénucléarisation et la mise en oeuvre de ses engagements», a déclaré un porte-parole du département d'État américain, Karl Duckworth.

«Ce que la Corée du Nord doit faire, c'est remplir ses obligations et ses engagements internationaux», a dit ce porte-parole.

Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a exprimé son «profond regret» face aux actions décidées par Pyongyang «au mépris des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU».

Le Japon, sur les dents à chaque regain de tension avec Pyongyang en raison de sa proximité géographique et du passif entre les deux pays, a condamné «un grave acte de provocation».

Pour la Russie et la Chine, la seule solution est la reprise des négociations à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Japon, Russie, Chine, États-Unis) sur le nucléaire nord-coréen, a déclaré samedi le ministère russe des Affaires étrangères à l'issue de consultations russo-chinoises.

«Les parties sont convaincues qu'il n'y a pas d'alternative aux négociations à six, qui restent un instrument efficace pour régler le problème nucléaire de la péninsule coréenne, et appellent à leur reprise le plus vite possible», selon un communiqué du ministère russe.

Londres a dénoncé les «nouvelles provocations» de Pyongyang. «Je condamne les tirs de missiles effectués par la Corée du Nord en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU», a déclaré dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères britannique, David Miliband.

En Israël, un ministre a jugé trop timide la réaction de Washington devant les nouveaux tirs de missiles nord-coréens.

«Je suis très inquiet de la réaction des États-Unis aux grossières provocations de la Corée du Nord», a déclaré Binyamin Ben Eliezer, ministre du Commerce, de l'Industrie et de l'Emploi, lors d'une intervention publique près de Tel-Aviv.

Pour le professeur Kim Yong-Hyun, de l'université Dongguk à Séoul, la nouvelle série de tirs de missiles à courte portée constitue «un avertissement voilé adressé aux États-Unis et à la communauté internationale leur signifiant que, la prochaine fois, cela pourrait être un missile longue portée».

Les États-Unis ont déjà annoncé qu'ils envisageaient la possibilité d'un tir de missile à longue portée nord-coréen en direction de Hawaï.

Ulcéré par les manoeuvres annuelles entre la Corée du Sud et les États-Unis, le régime de Kim Jong-il argue de son droit à «l'auto-défense». Il procède régulièrement à des exercices et des tirs de missiles, généralement lorsqu'il cherche à manifester son mécontentement ou à peser sur des négociations en cours.

Ces tirs sont extrêmement coûteux pour le pays communiste où une grande partie de la population vit dans la famine, la terreur et le sous-développement.

La Corée du Nord, l'un des pays les plus secrets et fermés au monde, s'est engagée ces derniers mois dans une escalade qui a culminé quand le régime communiste a lancé un nouveau défi en effectuant, le 25 mai, son deuxième essai nucléaire depuis 2006.

Cet essai, suivi de plusieurs tirs de missiles, a été condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU qui a alourdi les sanctions déjà en vigueur contre Pyongyang.

Les Nord-Coréens ont réagi avec une extrême virulence, menaçant de ne jamais renoncer à leurs ambitions nucléaires et d'utiliser leur plutonium à des fins militaires.