Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon rencontrera durant sa visite en Birmanie des responsables du parti de Aung San Suu Kyi, mais aucune entrevue n'est prévue avec l'opposante, a affirmé jeudi un porte-parole de cette formation.

«Les autorités nous ont informés que cinq membres du comité exécutif de la de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) rencontreront Ban Ki-Moon», a déclaré à l'AFP Nyan Win. Mme Suu Ki, secrétaire générale de la LND, ne fait pas partie de la liste, selon la même source. La LND avait remporté une victoire écrasante à des élections en 1990, mais les généraux avaient refusé d'honorer les résultats et et Mme Suu Kyi a été privée de liberté pendant la majeure partie des 19 dernières années.

Ban Ki-moon, actuellement au Japon, effectue une visite officielle de vendredi à samedi en Birmanie. Ce déplacement coïncide avec le procès en cours d'Aung San Suu Kyi, actuellement incarcérée et jugée pour avoir, selon la junte, enfreint les règles de son assignation à résidence.

Selon un responsable birman sous le couvert de l'anonymat, M. Ban rencontrera au total les membres d'une dizaine de partis politiques dans la capitale administrative de Naypyidaw, installée au milieu de la jungle par les généraux au pouvoir.

C'est là que le secrétaire général de l'ONU s'entretiendra également avec le numéro un birman, le généralissime Than Shwe.

Seule lauréate du Prix Nobel de la paix à être privée de liberté, Mme Suu Kyi a été transférée le 14 mai dans la prison d'Insein (nord de Rangoun), accusée par la junte d'avoir violé les règles de son assignation à résidence en communiquant avec un Américain qui s'est invité chez elle après avoir traversé un lac à la nage.

Aujourd'hui, l'opposante âgée de 64 ans, est passible de cinq ans de prison et risque de ce fait d'être écartée du paysage politique, alors que la junte veut organiser des élections controversées l'année prochaine.

Le président américain Barack Obama a dénoncé un «procès-spectacle» alors que les nouvelles accusations contre «la Dame» de Rangoun -- souvent comparée au Sud-Africain Nelson Mandela -- ont suscité une vive indignation à travers le monde.

L'ONU n'a cessé d'exiger la libération de tous les prisonniers politiques en Birmanie, y compris de Mme Suu Kyi, ainsi qu'une démocratisation du système politique. Ces efforts n'ont, pour l'instant, abouti à aucun résultat tangible.

«Pour la énième fois, l'ONU a poliment demandé la libération de Aung San Suu Kyi, mais une +libération» qui se traduirait en fait par un retour en assignation à résidence serait un échec patent», a estimé dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW).

«Ban Ki-moon a offert aux généraux birmans une feuille de route pour mettre fin à leur isolement... Il devrait se montrer très clair sur le fait que le temps des atermoiements et des petits jeux est terminé et que, désormais, il faut que les choses changent vraiment», a ajouté le directeur de HRW exécutif, Kenneth Roth.