La communauté internationale a beau tour à tour amadouer, réprimander et sanctionner la Corée du Nord, rien ne semble avoir barre sur un régime au ban des nations mais détenteur du feu nucléaire auquel il n'entend pas renoncer.

Aucune puissance ayant atteint les capacités atomiques de la Corée communiste n'a abandonné à ce jour l'arme suprême. Et il semble assez improbable que cette jeune puissance nucléaire militaire (depuis octobre 2006), ne se prive, in fine, de son unique moyen de dissuasion. Fut-ce en échange d'une substantielle aide énergétique. «Les Nord-Coréens ont très peu intérêt à abandonner leurs programmes, car cela garantit leur sécurité et personne ne prendrait le risque d'une frappe préventive à leur encontre», explique à l'AFP Leonid Petrov, spécialiste des Corées à l'université de Sydney.

Depuis 15 ans, le régime de Pyongyang a foulé aux pieds les accords censés aboutir à sa dénucléarisation.

Qu'il s'agisse de celui de 1994, de 2005 ou bien de 2007, ces textes pratiquement identiques n'ont jamais été honorés, la Corée du Nord claquant la porte de la diplomatie lorsqu'elle n'y voit plus son avantage.

Le régime a ainsi reçu des dizaines de milliers de tonnes de fioul sans jamais céder sur le fond: son principal réacteur a Yongbyon a bien été mis hors service en 2007 mais les autorités n'ont jamais été jusqu'au démantèlement complet.

C'est que la Corée du Nord est plus attachée à développer ses capacités technologiques qu'à négocier, l'objectif ultime étant de pouvoir nucléariser un missile balistique.

En procédant à un deuxième essai le 25 mai, Pyongyang a montré le peu de cas que la Corée du nord faisait des admonestations d'une communauté internationale qu'elle sait divisée et peu désireuse de voir éclater un conflit ouvert dans la région.

Rompu au jeu des sanctions internationales, le régime -- en particulier son élite -- vit en quasi autarcie depuis un demi-siècle au nom de l'idéologie «Juche», une autosuffisance qui a plongé une partie de la population dans la famine, la terreur et le sous-développement.

L'idée caressée par Washington de la chute du régime asphyxié économiquement par des sanctions semble avoir fait long feu.

Et la Chine a beau marquer son mécontentement officiel, sa précieuse aide continue d'affluer le long des 1.200 km de frontière que les deux alliés partagent. Pékin n'est pas près de s'aliéner son voisin, qui, certes l'embarrasse, mais lui sert de tampon entre son territoire et les troupes américaines stationnées en Corée du Sud.

Personnage énigmatique croqué à souhait par les caricaturistes pour sa petite taille et ses cheveux en pétard, Kim Jong-Il est loin d'être fou.

Même amoindri après l'accident cardio-vasculaire dont il a été vraisemblablement victime en 2008, celui que l'ex-président américain George W. Bush traitait de «Pygmée» sait bien que sa bombe est un gage de survie.

«Il semble de plus en plus clair que les Nord-Coréens estiment que les armes atomiques sont cruciales à la survie politique et militaire du régime», insiste Marcus Noland, expert auprès de l'institut américain Peterson for International Economics.

Persuadé que Saddam Hussein dut sa défaite au fait qu'il ne possédait pas l'arme nucléaire, Kim Jong-Il garde aussi en mémoire que les États-Unis avaient menacé à plusieurs reprises de larguer une bombe atomique sur la région durant la guerre de Corée (1950-53).

Cette crainte, réelle, explique en grande partie la course paranoïaque à l'arme atomique.

Et les «traîtres impérialistes américains», que le régime menace quotidiennement de noyer sous un déluge de feu, demeurent paradoxalement les seuls véritables interlocuteurs. Les seuls à pouvoir offrir au régime ce qui l'intéresse vraiment: un pacte de non agression, voire un traité de paix.