Après son essai nucléaire de la semaine dernière, la Corée du Nord se prépare à lancer à titre expérimental au moins quatre nouveaux missiles, dont un de longue portée, dans un nouveau geste de défi envers la communauté internationale, ont rapporté mardi l'armée américaine et les médias sud-coréens.

La Corée du Nord pourrait bientôt lancer depuis sa côte orientale trois ou quatre engins de moyenne portée, qui seraient des versions modifiées de ses missiles Rodong, a rapporté l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.

Un responsable de l'armée américaine a de son côté confirmé que Pyongyang préparait sur sa côte occidentale le tir d'un missile balistique intercontinental capable de frapper les Etats-Unis.

Ces préparatifs ont encore accentué la tension dans la région, déjà élevée depuis l'essai nucléaire sous-terrain réalisé le 25 mai par Pyongyang, qui a également procédé à plusieurs tests de missiles de courte portée la semaine dernière.

Selon les observateurs, le missile longue portée préparé par le Nord pourrait être tiré de façon à coïncider avec la réunion prévue le 16 juin à Washington entre le président américain Barack Obama et son homologue sud-coréen Lee Myung-bak. Il aurait une portée maximale de 6.500 kilomètres, selon le quotidien sud-coréen «JoongAng Ilbo», qui cite un responsable sud-coréen non identifié. L'engin serait ainsi capable d'atteindre l'Alaska ou l'île de Guam, où l'armée américaine possède d'importantes installations.

Des images satellitaires montrent que la Corée du Nord a transporté le missile sur le site de lancement Dongchang-ni, sur sa côte nord-ouest, près de la frontière chinoise, selon Yonhap. Un responsable américain s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a confirmé cette information, précisant que le missile avait été transporté par train et qu'il pourrait s'écouler une semaine avant la Corée du Nord ne soit prête à le tirer.

Par ailleurs, craignant des incidents au large de ses côtes, la Corée du Sud a entrepris de renforcer ses défenses navales dans ses eaux occidentales, où son frère ennemi du Nord mènerait un exercice d'entraînement consistant à reproduire une offensive amphibie.

Séoul, dont les troupes sont déjà en état d'alerte, a envoyé un bâtiment rapide équipé de missiles guidés dans la zone. Le navire est prêt à «contrecarrer les intentions de provocation navale de la Corée du Nord et à détruire l'ennemi sur les lieux en cas de provocations», avertit l'armée sud-coréenne dans un communiqué. La Corée du Sud a également chargé ses garde-côtes d'escorter les bateaux de pêche sud-coréens près de l'île de Yeonpyeong, sur la côte ouest.

Le Conseil de sécurité des Nations unies envisage des sanctions contre la Corée du Nord après l'essai nucléaire réalisé par Pyongyang la semaine dernière. Le régime communiste nord-coréen a déjà annoncé qu'il refuserait toute mesure de rétorsion, et qu'il ne s'estimerait plus tenu de respecter l'armistice de 1953 qui avait mis fin à la guerre de Corée si on le provoquait.

On ignore quand une nouvelle résolution pourrait être adoptée. Les Etats-Unis et le Japon, qui se trouvent à portée des missiles nord-coréens, sont les principaux partisans de mesures fermes contre Pyongyang, alors que la Chine et la Russie, traditionnellement plus proches du régime nord-coréen, sont plus réservées.

Un facteur complique la donne pour Washington: le procès prévu jeudi à Pyongyang de deux journalistes américaines, Laura Ling et Euna Lee, accusées par le régime nord-coréen d'entrée illégale dans le pays et d'«actes hostiles». La Corée du Nord garde également en détention un travailleur sud-coréen arrêté dans un complexe industriel conjoint à la frontière avec le Sud.

Le 5 avril, la Corée du Nord avait déjà défié la communauté internationale en tirant ce que Pyongyang avait présenté comme un satellite de télécommunications mais que des experts occidentaux considèrent comme un test de la technologie nord-coréenne de lancement de missile longue portée.