Une quinzaine de personnes ont été blessées lundi dans une manifestation au Cachemire indien après le viol et le meurtre présumés de deux jeunes musulmanes par les forces de sécurité indiennes, a annoncé la police.

La partie indienne de ce territoire himalayen divisé depuis 60 ans entre l'Inde et le Pakistan est sous le choc depuis la découverte samedi dans un cours d'eau des corps de deux femmes de 17 et 22 ans. La police a assuré qu'elle enquêtait sur ces «mystérieux décès» après que les familles eurent accusé des policiers ou des soldats d'avoir enlevé, violé et tué les jeunes filles.

Une grève d'une journée a été décrétée à Srinagar, la capitale d'été du Cachemire indien, et dans d'autres localités où les commerces, écoles, administrations sont fermés.

Plus de 70 personnes avaient été blessées ce week-end lors d'affrontements entre manifestants et policiers à Shopian, à 50 km de Srinagar, la bourgade d'où sont originaires les victimes. Des échauffourées ont éclaté lundi et la police a tiré en l'air et a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la foule.

«Une quinzaine de personnes, dont des femmes, ont été blessées», a indiqué un policier.

Srinagar était totalement bouclée par les forces de l'ordre, «comme sous un couvre-feu», a témoigné un habitant, Altaf Ahmed.

La grève a été organisée par le groupe islamiste armé clandestin pakistanais Lashkar-e-Taïba (LeT), accusé par l'Inde d'avoir perpétré les attentats de Bombay en novembre.

«Nous exhortons les organisations internationales de défense des droits de l'Homme à prendre note des atrocités commises contre les femmes au Cachemire», a dénoncé par téléphone à l'AFP le porte-parole du LeT, Abdullah Gaznavi.

Le groupe fondamentaliste s'est de nouveau «engagé à poursuivre la lutte contre l'occupation indienne».

Le Cachemire indien, à majorité musulmane, est le théâtre de violences depuis le déclenchement en 1989 d'une insurrection séparatiste récupérée par des groupes armés islamistes venus pour la plupart du Cachemire pakistanais et qui se battent contre «l'occupation indienne». Quelque 47 000 personnes ont été tuées dans ce conflit en 20 ans.