Les autorités birmanes ont accusé dimanche l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, d'avoir «caché» la présence d'un Américain chez elle, justifiant ainsi son procès en cours, alors que le prix Nobel de la paix a accusé la junte de la «persécuter».

«Il ne fait aucun doute que Daw Aung San Suu Kyi a caché la vérité en n'informant pas les autorités de la présence (chez elle) d'un immigrant illégal», a déclaré le général Aye Myint, vice-ministre birman de la Défense.

«Elle lui a permis de rester... Elle a communiqué avec lui, lui a offert de la nourriture et un toit (...) De ce fait, il n'y avait pas d'autre option que d'ouvrir une procédure judiciaire conformément à la loi», a encore déclaré le général, qui s'exprimait lors d'une conférence régionale sur la sécurité à Singapour.

Face aux appels de la communauté internationale en faveur d'une libération du prix Nobel de la Paix, privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années, la junte a de nouveau appelé «les pays étrangers (à) s'abstenir d'interférer dans les affaires intérieures de la Birmanie».

Maung Myint, vice-ministre birman des Affaires étrangères, avait tenu le même discours jeudi lors d'une réunion à Phnom Penh entre les pays de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), dont la Birmanie est    membre, et les 27 pays de l'Union européenne (UE).

L'opposante birmane, inculpée et actuellement jugée pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, a rencontré ses avocats samedi à la prison de Insein avant les plaidoiries finales fixés à vendredi.

Selon le porte-parole de son parti, Mme Suu Kyi s'est plainte d'une visite des autorités à son domicile en son absence, accusant la junte de la «persécuter».

Les autorités ont effectué la semaine dernière une reconstitution à son domicile, en présence de John Yettaw, de la visite de cet Américain chez la prix Nobel de la Paix, a indiqué dimanche Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

 «Aung San Suu Kyi a indiqué qu'elle n'était pas totalement satisfaite alors que M. Yettaw et les autorités sont allés à son domicile la semaine dernière pour une reconstitution», a déclaré à l'AFP Nyan Win.

 «Cela n'était pas conforme à la loi. Elle a estimé que cela relevait de la persécution injuste», a ajouté Nyan Win, également membre de l'équipe d'avocats de Mme Suu Kyi.

Aung San Suu Kyi, 63 ans, est formellement accusée d'avoir hébergé les 4 et 5 mai cet Américain de 53 ans, qui a réussi à gagner à la nage sa demeure, située au nord du lac Inya, à Rangoun. Elle est passible d'une peine d'emprisonnement de cinq ans, ce qui l'excluerait du paysage politique pendant les élections de 2010.

Vendredi, la LND s'est déclarée «très préoccupée» par l'état de santé l'opposante.  Samedi, à Singapour, le secrétaire d'Etat américain à la Défense Robert Gates a dit vouloir voir «un véritable changement en Birmanie, notamment la libération des prisonniers politiques dont Aung San Suu Kyi, et l'instauration d'un dialogue véritable entre la junte et l'opposition».

Dimanche dans le cadre du même forum à Singapour, Ann Taylor, ministre britannique à la Défense et à la sécurité internationale, a également appelé à la libération du prix Nobel de la paix.