Un nombre «inacceptable» de civils ont été tués au Sri Lanka ces derniers mois pendant les combats entre les forces armées et les rebelles tamouls, a déclaré l'ONU vendredi, des informations faisant état de 20 000 morts civils.

Selon une porte-parole du Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), les chiffres sur les victimes récemment cités dans divers médias sont des estimations issues de sources «bien informées» données aux États membres de l'ONU au cours de réunions privées.

Le quotidien britannique The Times a écrit qu'aux évaluations confidentielles faisant état de 7 000 civils tués jusqu'à fin avril, il convenait d'ajouter sur la base de sources onusiennes 1 000 civils tués chaque jour jusqu'au 19 mai, le lendemain de la mort du chef de la rébellion des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).

Le bilan s'élèverait donc selon le journal à 20 000 morts dans l'ultime phase du conflit, au cours de laquelle les troupes gouvernementales ont vaincu les rebelles dans d'intenses combats au sein d'une étroite zone renfermant des milliers de civils.

«La majorité ont péri sous les canons du gouvernement» visant notamment les rebelles qui utilisaient les camps de réfugiés comme boucliers humains, a souligné le Times.

Un porte-parole de la représentation du Sri Lanka à Londres, interrogé par le journal, a rejeté «toutes ces accusations». «Pas le moindre civil n'a été tué par des bombardements du gouvernement», selon lui.

«De toute évidence, nous avons là des estimations (issues de sources) bien informées et non des chiffres précis, vérifiables», a affirmé à l'AFP la porte-parole d'Ocha, Elisabeth Byrs, qui a toutefois refusé d'avancer des chiffres.

Des sources au sein de différentes agences onusiennes à Genève ont reconnu qu'elles faisaient l'objet de pressions au sujet de leurs déclarations sur le Sri Lanka, en particulier en ce qui concerne le bilan des victimes.

Selon le journal Le Monde, citant des sources onusiennes, le nombre exact des victimes civiles du conflit n'a pas été rendu public pour ménager Colombo.

Le quotidien du soir français, dans son édition du 28 mai, mentionnait une cellule onusienne ayant collecté des données auprès notamment d'employés locaux de l'ONU, d'organisations non gouvernementales et de médecins. Entre le 20 janvier et le 13 mai, elle aurait dénombré 7 720 morts (dont 678 enfants) et 18 465 blessés (dont 2 384 enfants). Il y a eu «une tentative de suppression systématique de ce matériel», déclarait un officiel onusien au Monde.

«Les Nations unies n'ont pas fait de rétention sur les souffrances et les victimes civiles», a assuré Mme Byrs, rappelant que l'ONU avait affirmé «publiquement et de manière répétée» que le nombre élevé des morts au cours des derniers mois était «inacceptable».

«Les Nations unies ont partagé leurs inquiétudes à ce sujet avec le gouvernement (de Colombo, ndlr) et les autres parties concernées», a-t-elle relevé.

«Nous n'avons toujours pas accès (aux zones) au-delà d'Omanthai (nord du Sri Lanka)», a, quant à lui, déploré le coordinateur des Nations unies Neil Bhune devant des journalistes à Colombo.

Environ 260 000 Tamoils déplacés par les combats sont retenus dans des camps entourés de fils de fer barbelés et par les forces de sécurité, à la recherche, affirme-t-elles, d'anciens rebelles déguisés en civils.

La rébellion tamoule est accusée d'avoir retenu contre leur gré des dizaines de milliers de civils dans l'étroite bande côtière où se sont concentrés les combats dans les derniers mois du conflit, tandis que les forces gouvernementales sont soupçonnées d'avoir bombardé de manière aveugle cette zone.