Après l'annonce lundi d'un deuxième essai nucléaire condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU, la Corée du Nord a procédé mardi et mercredi, selon des sources sud-coréennes, à des tirs de missiles, confortant les appels internationaux à de nouvelles sanctions contre elle.

Pyongyang, qui avait déjà testé trois missiles lundi, parallèlement à son essai nucléaire, et deux autres mardi, a procédé mercredi au lancement d'un sixième missile, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant une source gouvernementale. Le missile de courte portée a été lancé dans la mer Jaune.

Mardi, la Corée du Nord avait déjà lancé deux engins, un missile sol-air et un autre sol-mer, d'une portée de 130 km, selon une source gouvernementale, également citée par Yonhap.

L'essai nucléaire de lundi, bien plus puissant qu'un premier effectué en octobre 2006, selon Tokyo et Moscou, a été condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le Conseil prépare une résolution devant comporter de nouvelles sanctions à l'égard du régime communiste de Pyongyang, a déclaré son président pour le mois de mai, l'ambassadeur de Russie Vitaly Tchourkine.

«J'espère sincèrement que le Conseil de sécurité sera capable de prendre les mesures nécessaires correspondant à la gravité de la situation», a déclaré à Helsinki le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

A New York, des diplomates ont affirmé que le Conseil de sécurité avait néanmoins besoin «d'un peu de temps» pour mettre au point les termes d'une résolution qui devrait sanctionner Pyongyang.

«Nous travaillons, nous avons besoin d'un peu de temps», a déclaré l'ambassadeur de France, Jean-Maurice Ripert, au sortir d'une réunion dite «P5 + 2», entre les cinq membres permanents du Conseil dotés du droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), le Japon et la Corée du Sud.

«Nos discussions et délibérations vont en effet prendre un peu de temps», a déclaré pour sa part l'ambassadrice des Etats-Unis, Susan Rice, affirmant néanmoins que les sept pays étaient «d'accord sur les objectifs de la résolution».

Mardi, les Etats-Unis ont particulièrement haussé le ton. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui demander une réponde «rapide et unifiée» de la communauté internationale à la Corée du Nord, a annoncé le département d'Etat.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates participera samedi à Singapour à une réunion avec ses homologues japonais et sud-coréen, au cours de laquelle le dossier nord-coréen sera évoqué.

Plusieurs diplomates occidentaux ont appelé au vote d'une résolution comportant de nouvelles sanctions à l'encontre du régime nord-coréen.

«Nous sommes ouverts à toutes les possibilités de renforcement, d'élargissement des sanctions», a ainsi déclaré le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Frédéric Desagneaux.

«L'adoption d'une résolution dure par le Conseil de sécurité de l'ONU est inévitable», a ajouté mardi une source diplomatique russe, tout en précisant que «la porte des négociations doit toujours rester ouverte».

Le ministère allemand des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué mardi l'ambassadeur de Corée du Nord à Berlin pour lui faire part de ses «vives critiques».

Réunis à Hanoï, les chefs de la diplomatie d'UE et d'Asie ont eux aussi condamné l'essai mené par la Corée du Nord, en appelant cette dernière à «ne mener aucun essai nucléaire supplémentaire et à respecter pleinement les résolutions et décisions du Conseil de sécurité des Nations unies».

Un journal favorable à Pyongyang, le Chosun Sibo, a répondu que des sanctions contre la Corée du Nord ne feront qu'attiser les tensions.

«Peu importe le degré de pression», la Corée du Nord «ne changera jamais de cap», a affirmé le Chosun Sibo.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait déjà condamné le 13 avril un tir de fusée balistique effectué le 5 du même mois par la Corée du Nord, et renforcé le régime de sanctions mis en place à son encontre en 2006.

En réponse à cette condamnation, Pyongyang avait annoncé son retrait des négociations à Six (Russie, Corée du Nord et Corée du Sud, Etats-Unis, Japon et Chine), l'arrêt de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la réactivation de ses installations nucléaires.