Les Mongols votaient dimanche pour la présidentielle, un scrutin qui s'annonçait serré entre les anciens communistes et les Démocrates, le premier à se tenir depuis les législatives qui avaient déclenché des émeutes meurtrières l'an dernier.

Ces élections dans cet ancien satellite soviétique devenu une jeune démocratie, coincé entre Chine et Russie, s'étaient soldées par des émeutes et cinq morts début juillet 2008, après que l'opposition eut dénoncé des fraudes.

Seuls deux candidats s'affrontaient ce dimanche: le président sortant Nambaryn Enkhbayar, issu du Parti populaire révolutionnaire mongol (PPRM, anciens communistes), et l'ex-chef du parti des Démocrates, Tsakhiagiin Elbegdorj.

Elbegdorj, 46 ans, était donné favori d'une très courte tête, après avoir fait campagne sur le changement, la lutte contre la corruption et la pauvreté, tandis que Enkhbayar, 50 ans, a promis de «réunir les Mongols».

L'économie a dominé la campagne en Mongolie où plus d'un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. La crise mondiale et la chute des cours des matières premières a aggravé la situation dans ce pays riche en charbon, or ou cuivre.

Dans la journée, des files d'attente s'étaient formées devant les bureaux de la capitale, Oulan Bator, a constaté l'AFP. Mais ce scrutin, opposant deux candidats au programme proche et dont les partis forment une coalition au Parlement, ne passionne pas les 2,7 millions de Mongols.

Les premiers à voter, sous un ciel très bleu, dès 19H00 (HNE) étaient des personnes âgées portant les tuniques traditionnelles de soie.

Les bureaux de vote devaient fermer à 18HO0 (HNE) et les résultats être connus probablement lundi.

 «Je pense qu'avant minuit, certaines zones d'Oulan Bator auront les résultats et c'est presque clair qu'ils seront en faveur d'Elbegdorj», a estimé Sumati, directeur de la Fondation Sant Maral, qui mène des enquêtes d'opinion.

«Le plus intéressant, c'est à la campagne. Elbegdorj a l'air légèrement en meilleure position qu'Enkhbayar, mais attendons de voir», a-t-il ajouté.

Les violences de l'été dernier étaient dans tous les esprits. Elles avaient choqué un pays qui avait pu se targuer d'émerger de 70 années de communisme, en 1990, pacifiquement.

«J'espère qu'il n'y aura pas d'émeutes cette fois-ci», a déclaré Garda, un retraité de 75 ans qui, comme beaucoup de ses concitoyens, n'utilise qu'un seul nom, et dit voter pour Enkhbayar.

Tseren, une femme d'affaires de 32 ans, redoute des troubles.

«On devrait avoir des émeutes si Enkhbayar l'emporte, parce qu'il joue un sale jeu», dit-elle, «Je déteste Elbegdorj, mais il faut changer».

Pour la première fois, afin d'éviter les fraudes, les Mongols devaient présenter une carte d'électeur et leurs papiers d'identité.

27 équipes d'observateurs des Etats-Unis et de diverses agences internationales suivaient le déroulement du scrutin dans la capitale, selon l'Asia Foundation, organisation indépendante.

Mais 64% de la population estimait que le scrutin présidentiel ne serait pas équitable, selon un sondage de 5.000 personnes, publié sur le site gogo.mn.

Selon l'organisation non-gouvernementale Globe International, Elbegdorj a bénéficié de 38% du temps des informations télévisées, Enkhbayar de 62%.

En outre, 70% de cette couverture était positive concernant le président sortant, tandis que 80% était négative sur son opposant.

Les autorités ont voulu prévenir tout trouble et ont notamment interdit la vente d'alcool le jour J.