Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, a rejeté vendredi les appels en faveur d'une enquête internationale qui serait chargée de déterminer si l'armée sri-lankaise a commis des crimes de guerre pendant son offensive victorieuse contre les rebelles tamouls.

«Certains ont essayé d'arrêter notre campagne militaire en menaçant de nous traîner devant les tribunaux pour crimes de guerre», a déclaré M. Rajapakse dans un discours prononcé à Colombo devant des dizaines de milliers de ses partisans réunis devant le Parlement sri-lankais et transmis par la télévision nationale.

«Certains essaient encore de le faire, mais je n'ai pas peur», a lancé le président à la foule. «Ma force, c'est votre soutien. Je suis même prêt à aller à la potence en votre nom».

Des milliers de civils - plus de 7000 selon l'ONU - ont été tués en quatre mois au cours de l'offensive générale menée par l'armée sri-lankaise pour mettre fin à la rébellion des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), qui avaient établi un Etat de facto sur le nord et le nord-est du Sri Lanka.

Colombo a proclamé lundi sa victoire totale, l'armée ayant repris la dernière bande de territoire que tenaient les Tigres.

M. Rajapakse, qui est aussi le commandant en chef des forces armées, a déclaré dans son discours que les LTTE avaient été totalement écrasés par l'armée et qu'ils n'avaient aucune possibilité de lancer une nouvelle insurrection.

Les deux camps sont accusés de violations des droits de l'homme par des organisations humanitaires, qui déclarent que l'armée a procédé à des bombardements indiscriminés sur des zones où se trouvaient des civils et que les LTTE se sont servis des civils comme boucliers humains.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU doit tenir lundi une session extraordinaire sur le Sri Lanka.

Le Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Navi Pillay, déclarait en mars que «certaines actions des militaires sri-lankais et des Tigres pourraient être considérées comme des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité».

«Rien de ce que nous avons observé jusqu'ici n'est de nature à nous faire changer d'avis, bien au contraire», a dit récemment son porte-parole Rupert Colville, affirmant qu'une «enquête» indépendante était «essentielle».

Interrogé mardi à Genève à propos d'allégations de «crimes de guerre» visant les deux camps, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a répondu qu'elles «devaient faire l'objet d'une enquête appropriée».

M. Ban, qui s'est dit «profondément troublé par la perte de vies parmi les civils», était attendu vendredi au Sri Lanka.

La semaine dernière, la Grande-Bretagne, ex-puissance coloniale, a promis son «soutien à une enquête rapide (...) pour déterminer si des crimes de guerre ont été commis».