Le régime militaire birman a indiqué que le procès de l'opposante Aung San Suu Kyi retrouverait son format à huis clos jeudi, au lendemain d'une audience exceptionnelle dans la prison d'Insein où des diplomates et des journalistes avaient pu pénétrer.

«La presse ne sera pas autorisée aujourd'hui», a déclaré à l'AFP un responsable birman sous le couvert de l'anonymat. «Les diplomates et les journalistes avaient reçu une permission seulement pour un jour», a-t-il dit.

Mercredi, sous la pression internationale, la junte birmane avait ouvert les portes du procès à 30 diplomates et 10 journalistes. Mme Suu Kyi, 63 ans, qui a été privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années, était apparue souriante et en bonne forme.

«Merci beaucoup d'être venus et pour votre soutien», avait déclaré la dirigeante de l'opposition aux diplomates dans la salle d'audience. «Je ne peux vous rencontrer un par un, mais j'espère tous vous rencontrer dans des jours meilleurs», avait-elle ajouté.

Aung San Suu Kyi est jugée pour avoir, selon le régime militaire, enfreint les règles de son assignation à résidence en hébergeant pendant deux nuits début mai, avec la complicité de ses deux dames de compagnie, l'Américain John Yettaw, mormon excentrique, âgé de 53 ans, qui a bizarrement gagné à la nage la demeure de l'opposante, située en bordure d'un lac.

Elle est passible de cinq ans de prison si elle est condamnée pour l'affaire Yettaw, ce qui l'excluerait du paysage politique pendant les élections controversées que la junte entend organiser en 2010. Sa période d'assignation à résidence expirait théoriquement le 27 mai.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a jugé «scandaleux» le procès de Mme Suu Kyi, mais espéré que celui-ci prenne fin bientôt avec sa libération.

Les élections de 2010, voulues par les généraux birmans, seront «illégitimes en raison de la manière dont ils l'ont traitée», a encore estimé Mme Clinton.