L'armée pakistanaise a affirmé samedi avoir «mis en fuite» les talibans dans la vallée de Swat, dans le nord-ouest du  pays, où elle mène depuis deux semaines une offensive de grande ampleur.

Selon un bilan officiel, au moins 55 insurgés ont été tués samedi au cours de diverses opérations dans la vallée. Vendredi, l'armée avait assuré avoir mis hors d'état de nuire près de 160 talibans en 24 heures dans la même zone. Les rebelles «sont en fuite», s'est félicitée l'armée dans un communiqué.

Appuyés par l'aviation, des milliers de soldats sont déployés dans la vallée de Swat, avec pour mission d'«éliminer» les combattants islamistes, alors que des centaines de milliers de civils - jusqu'à un million, selon l'ONU - ont dû abandonner leurs maisons à cause de la violence des bombardements.

En outre, certains de ces civils sont pris au piège des combats, faisant craindre une catastrophe humanitaire.

L'armée a accusé les talibans de prendre «des civils innocents en otages». «Ils s'efforcent de bloquer l'exode et d'empêcher leur départ par la force, en minant les routes et en dressant des barrages avec des arbres», selon un communiqué.

D'après des témoignages de réfugiés, des civils ont été également victimes des bombardements intensifs de l'aviation pakistanaise.

Lors d'une conférence de presse, samedi, le premier ministre, Yousuf Raza Gilani, a souligné que les forces armées étaient «déterminées» à éviter au maximum les pertes civiles et à boucler l'offensive «dès que possible».

Mais «l'opération se poursuivra jusqu'à l'éradication des extrémistes», a ajouté le premier ministre pakistanais.

Sur le terrain, «des hélicoptères ont attaqué tôt ce (samedi) matin des caches d'insurgés à Mingora. Quinze insurgés auraient été tués au cours de cette opération», a précisé un autre communiqué militaire.

Plusieurs repaires des insurgés étaient visés et leur principal quartier général aurait été détruit. Des planques rebelles à Matta ont également été visées dans cette attaque.

«Des cachettes d'insurgés ont aussi été prises pour cible notamment à Peochar, Qambar, Banababa, Ziarat, Mushkomai et Chamtalai. De 30 à 40 insurgés auraient été tués», a ajouté ce communiqué.

Il est impossible de vérifier ces bilans de source indépendante en raison de la situation sur le terrain. «L'offensive bat toujours son plein», a affirmé un haut gradé pakistanais.

En visite cette semaine à Washington, le président pakistanais, Asif Ali Zardari, a juré que l'offensive de l'armée dans la vallée de Swat se poursuivrait jusqu'à un retour «à la normale».

Ce discours tranche avec la stratégie d'apaisement envers les talibans jusque là suivie par le président Zardari.

Le président pakistanais, de plus en plus impopulaire, est sous la pression des États-Unis qui redoutent la progression sans obstacle des intégristes dans la seule puissance militaire nucléaire du monde musulman.

Le Pakistan a toutefois payé un lourd tribut à son alliance avec les États-Unis depuis fin 2001.

L'armée pakistanaise a perdu plus de 2 000 hommes dans les zones tribales du nord-ouest et, en moins de deux ans, plus de 1 800 personnes ont été tuées dans tout le pays dans des attentats perpétrés par les talibans pakistanais, après qu'Oussama ben Laden a déclaré le jihad (la «guerre sainte») contre Islamabad.