»Douch», l'ancien chef de la principale prison des Khmers rouges, a déclaré mardi au tribunal chargé de le juger au Cambodge qu'il détestait superviser la torture et les exécutions, et qu'il avait demandé à ses supérieurs de lui donner un emploi «dans l'industrie».

Le mois dernier, à l'ouverture des débats de fond à son procès parrainé par les Nations unies, «Douch», 66 ans, dont le vrai nom est Kaing Guek Eav, avait exprimé des remords pour les atrocités commises sous le régime ultra-communiste des Khmers rouges (1975-1979).

L'accusé avait admis sa part de responsabilités pour les crimes perpétrés à la prison de Tuol Sleng (S-21) où quelque 15.000 personnes ont subi des interrogatoires inhumains avant d'être exécutées dans le cadre de vastes purges ordonnées par la direction du «Kampuchéa démocratique».

Mardi, «Douch» a indiqué qu'en mai 1975, dans le mois qui a suivi la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges, il avait demandé à être muté «dans l'industrie». Mais le ministre de la Défense Son Sen lui a dit qu'il devait travailler à S-21.

«Il n'y a pas eu de discussion possible. C'est ce que le supérieur a dit et je ne n'ai pas osé protester. Je voulais sincèrement m'enfuir et aller dans l'industrie».

Comme le procureur Alex Bates lui demandait s'il avait indiqué à ses supérieurs qu'il détestait son travail, «Douch» a répondu: «Je n'ai pas dit en particulier que je détestais le travail sécuritaire, je leur ai simplement signifié que je voulais travailler dans l'industrie».

«Dans la langue khmère, il y a un proverbe qui dit: est-il nécessaire de tuer le crabe pour montrer la merde du crabe. Quand j'ai parlé à mes supérieurs, je n'ai pas osé ouvrir le crabe et montrer la merde à l'intérieur du crabe».

«Douch» est poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, torture et meurtre avec préméditation. Il risque la prison à vie, la Cour qui le juge ayant exclu la peine capitale.