Les rebelles tamouls du Sri Lanka, qui ont de facto perdu la guerre contre l'armée gouvernementale, se sont dits mardi prêts à conclure un cessez-le-feu sous l'égide de la communauté internationale et à réamorcer des négociations de paix avec Colombo, qui a rejeté cette offre.

Ce pays en guerre depuis 37 ans observe depuis lundi une trêve de 48 heures, consentie par le gouvernement sous pression internationale pour soulager ou laisser partir les 100.000 civils tamouls pris au piège dans la zone du conflit dans le nord-est de l'île.

Mais le mouvement séparatiste des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), militairement acculé sur une quinzaine de km2, a qualifié cette brève accalmie de «trompeuse».

Ce cessez-le-feu annoncé dimanche par le président Mahinda Rajapakse à l'occasion du Nouvel an bouddhique (célébré par la majorité cinghalaise et la minorité tamoule) ne représente que «deux jours de vacances pour l'armée», ont fustigé les Tigres dans un communiqué.

Le Sri Lanka «plastronne pour tromper la communauté internationale et le peuple tamoul», a accusé la guérilla en se déclarant en revanche disposée à sceller une trêve durable sous patronage international.

«Un tel cessez-le-feu servirait de base à des négociations politiques», ont insisté les Tigres, ce qui mettrait fin à la phase militaire d'un conflit séparatiste qui a fait depuis 1972 des dizaines de milliers de morts, dont 2.800 civils depuis le 20 janvier selon l'ONU.

Le Sri Lanka a balayé cette proposition de «dialogue à propos d'un règlement politique» qui ne servirait à l'insurrection qu'à «gagner du temps pour se regrouper», selon le porte-parole du gouvernement, Lakshman Yapa Abeywardena.

La mini-trêve avait été saluée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui avait toutefois déploré un répit plus court que le «cessez-le-feu humanitaire» de «quelques jours» qu'il appelait de ses voeux.

La Grande-Bretagne -puissance coloniale au Sri Lanka jusqu'à l'indépendance de 1948- a aussi réclamé, par la voix du ministre des Affaires étrangères David Miliband, une prorogation du cessez-le-feu.

Mais son homologue sri-lankais Rohitha Bogollagama a argué qu'une trop longue pause ne garantissait nullement que le LTTE laisse partir les populations tamoules utilisées comme «boucliers humains». L'insurrection pourrait même en profiter pour se réarmer, redoute Colombo.

Depuis que le Sri Lanka a lancé en janvier son offensive «finale» contre le LTTE, la communauté internationale s'émeut du sort des civils tamouls dans le nord-est coupé du monde et auquel seule la Croix-Rouge a accès.

Grâce à la forte diaspora sri-lankaise tamoule, des manifestations se multiplient depuis des semaines en Occident, notamment à Londres où 100.000 personnes ont défilé ce week-end.

Les bailleurs de fonds du Sri Lanka et médiateurs du conflit -Etats-Unis, Union européenne, Japon et Norvège- avaient sommé la semaine dernière les belligérants de cesser les hostilités.

Certes, Colombo a fait brièvement taire les armes, mais il a aussi annoncé lundi ne plus vouloir d'Oslo comme médiateur de paix, un rôle tenu depuis janvier 2000.

Un cessez-le-feu entre les Tigres et l'armée avait été conclu sous l'égide de la Norvège en février 2002, avant d'être rompu par Colombo en janvier 2008, après l'échec de négociations en octobre 2006 à Genève.

Personne n'a fait officiellement le lien entre ce camouflet infligé à la Norvège et l'assaut la veille par des Tamouls contre l'ambassade du Sri Lanka dans la capitale norvégienne. Colombo a accusé la Norvège d'avoir failli à sa «mission de protection» de sa chancellerie. Oslo a présenté ses excuses.