La Corée du Nord a annoncé mardi son retrait des négociations sur sa dénucléarisation, l'arrêt de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la réactivation de ses installations nucléaires, après la condamnation par l'ONU de son tir de fusée.

La Corée du Nord a qualifié d'«insulte insupportable» envers son peuple la décision du Conseil de sécurité à son encontre.

«Les discussions à six (sur la dénucléarisation) n'ont plus lieu d'être. Nous ne participerons plus jamais à de telles discussions et n'estimerons être liés par aucune décision prise dans le cadre de ces discussions», indique un communiqué du ministère nord-coréen des Affaires étrangères diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

«Nous allons prendre des mesures pour rouvrir nos installations nucléaires désactivées (...) et retraiter des tubes de combustible nucléaire usagés provenant des réacteurs expérimentaux», a déclaré le ministère.

Quelques heures plus tard, la Corée du Nord a fait savoir à l'AIEA qu'elle cessait toute coopération avec elle et demandait à ses inspecteurs de quitter le pays.

«La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a informé les inspecteurs de l'AIEA dans l'installation (nucléaire) de Yongbyon qu'elle cessait immédiatement toute coopération avec l'AIEA», a indiqué Marc Vidricaire, porte-parole de l'agence, dans un communiqué publié à Vienne.

«Elle a demandé l'enlèvement de tous les équipements de surveillance (...), à la suite de quoi l'accès des inspecteurs de l'AIEA à l'établissement ne sera plus autorisé», et «les inspecteurs ont également été priés de quitter la RPDC le plus tôt possible», selon le communiqué.

La Corée du Nord a «aussi informé l'AIEA qu'elle avait décidé de réactiver toutes ses installations et de recycler le combustible usé», a indiqué l'agence.

L'annonce du retrait de Pyongyang des discussions à six a provoqué un vif émoi parmi ses partenaires de négociation, qui tentent depuis 2003 de la faire renoncer à ses ambitions atomiques en échange d'une importante aide énergétique.

La Chine, hôte de ces négociations et alliée du régime nord-coréen, a exhorté Pyongyang à ne pas abandonner les tractations qui rassemblent de façon intermittente les Etats-Unis, les deux Corées, la Chine, le Japon et la Russie.

La Russie, également proche de la Corée du Nord, l'a incitée à «ne pas suspendre les négociations», tandis que le Japon l'a «fermement» conviée à «revenir à la table des négociations».

La Maison Blanche a estimé que les annonces de Pyongyang constituaient «un pas dans la mauvaise direction».

«Nous appelons la Corée du Nord à mettre un terme à ses menaces provocantes, à respecter la volonté de la communauté internationale et à honorer ses engagements et obligations internationales», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.

Et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a qualifié de «réaction inutile» l'annonce de la cessation de la coopération nord-coréenne avec l'AIEA.

Le Royaume-Uni a paru relativiser la gravité de l'annonce nord-coréenne sur le retrait des négociations. «Il y a eu des contretemps passagers dans le processus du groupe des Six par le passé», a déclaré une porte-parole du Foreign Office.

Après l'annonce de l'arrêt de la coopération de Pyongyang avec l'AIEA, le Foreign Office a appelé la Corée du Nord à «coopérer pleinement» avec l'agence.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné lundi la Corée du Nord pour avoir procédé le 5 avril à un tir de fusée en contravention d'une résolution de l'ONU d'octobre 2006 interdisant à Pyongyang tout essai nucléaire ou tir de missile.

Dans sa déclaration - non contraignante -, le Conseil de sécurité a renforcé le régime de sanctions mis en place à l'encontre de Pyongyang après son essai nucléaire du 9 octobre 2006.

Le régime communiste a tiré le 5 avril une fusée dont plusieurs étages ont survolé l'archipel japonais avant de s'abîmer dans l'océan Pacifique.

Pyongyang affirme que ce lancement «pacifique» a permis de placer en orbite un satellite de télécommunications. Mais Washington, Tokyo et Séoul y ont vu un «lancement de missile» et ont porté le dossier à l'ONU.

La Corée du Nord avait accepté en 2007 de démanteler ses programmes nucléaires en contrepartie d'une aide énergétique et de concessions diplomatiques.

Mais ces négociations, qui n'avaient pas empêché le régime communiste de bafouer ses engagements en menant son premier essai nucléaire en octobre 2006, butent depuis plusieurs mois sur des questions de vérification.