Kim Jong Il a été confirmé jeudi à la tête de la Corée du Nord et a fait sa première grande apparition publique depuis des mois. Quatre jours après le lancement controversé d'une fusée nord-coréenne, le «cher dirigeant» âgé de 67 ans a obtenu un troisième mandat de président de la Commission nationale de la défense, la plus haute autorité de cette nation, à l'issue d'un vote de pure forme du Parlement.

Kim dirige un pays de 24 millions d'habitants possédant un programme nucléaire militaire et une armée de 1,19 million d'hommes, l'une des plus importantes du monde. Il a succédé à son père Kim Il Sung, mort en 1994 et qui a symboliquement gardé le titre de président. Le régime, qui voue un culte aux deux hommes, n'autorise aucune opposition à s'exprimer.

L'homme fort du régime communiste le plus secret de la planète a présidé la séance inaugurale de l'Assemblée populaire suprême à Pyongyang, faisant sa première grande apparition publique depuis que circulent des rumeurs persistantes, confirmées par les Etats-Unis et la Corée du Sud mais démenties par le régime, sur ce qu'il aurait fait une crise d'apoplexie en août 2008. La scène filmée par la télévision d'Etat le montre toutefois très amaigri et vieilli comme il arrive en boitillant légèrement sous les applaudissements des députés debout pour l'accueillir.

Le dirigeant avait disparu des médias à la mi-août. En septembre, il n'avait pas assisté à la parade anniversaire des 60 ans de la République populaire démocratique de Corée, ce qui a alimenté les spéculations sur sa santé et son éventuelle succession. Il avait réapparu dans les médias nationaux début octobre, enchaînant visites d'exploitations agricoles, d'usines et d'unités militaires.

Des photos récentes montrent qu'il a perdu son embonpoint. Sur des images publiées le 19 mars par KCNA, le «Cher dirigeant» extrêmement amaigri semble s'agripper à une rampe pour tenir debout.

La télévision d'Etat a diffusé la première vidéo de Kim depuis août. On le voit en manches courtes début août dans un élevage porcin puis fin novembre, emmitouflé dans une parka et portant des gants épais. Jeudi matin, les Nord-coréens ont pu regarder un montage télévisuel à la gloire de l'armée, où un Kim Jong Il vêtu d'une parka et coiffé d'un chapeau passe les troupes en revue, mais il est évident que certaines images datent car le dirigeant n'a pas encore maigri.

Le régime a cherché à mobiliser la population derrière son dirigeant ces derniers jours avant la séance inaugurale du Parlement et après le tir controversé dimanche d'une fusée censée avoir mis un satellite de communication en orbite, mais qui pourrait avoir été en réalité un test clandestin de lancement de missile longue portée selon la Corée du Sud, le Japon et les Etats-Unis.

Ces pays tentent d'obtenir une condamnation du tir au Conseil de sécurité des Nations unies, mais la Chine, plus proche alliée de Pyongyang, s'oppose avec la Russie à une telle condamnation. L'ambassadeur nord-coréen à l'ONU a déclaré que son pays prendrait «des mesures fortes» si le Conseil de sécurité prenait parti.