La menace représentée par Al-Qaeda et ses alliés talibans ne pourra être jugulée que si l'Inde et le Pakistan coopèrent, avec l'aide des États-Unis, a plaidé mercredi à New Delhi l'émissaire américain pour le Pakistan et l'Afghanistan, Richard Holbrooke.

M. Holbrooke, envoyé spécial du président Barack Obama, accompagné par le chef d'état-major de l'armée américaine, l'amiral Mike Mullen, étaient en visite dans la capitale indienne en provenance d'Islamabad et de Kaboul.

Il ont parlé avec des responsables du gouvernement indien de la nouvelle stratégie du président Obama pour lutter contre les talibans et Al-Qaeda dans les pays voisins de l'Inde.

«Pour la première fois depuis la Partition (du sous-continent en 1947), l'Inde, le Pakistan et les États-Unis sont confrontés à une menace, un défi et un objectif communs», a déclaré M. Holbrooke à la presse, répétant ce qu'il avait dit en février, lors d'une tournée «d'information» en Asie du Sud.

«Maintenant que nous faisons face à la même menace, nous devons travailler ensemble», a-t-il plaidé.

«Mais nous ne sommes pas ici pour demander à l'Inde de faire quoi que ce soit», a précisé le diplomate, en allusion à une reprise du processus de paix indo-pakistanais gelé depuis les attentats de Bombay de novembre 2008.

Le président Obama défend une nouvelle approche, plus régionale, dans la guerre en Afghanistan: il a placé le Pakistan au coeur de sa stratégie, notamment en luttant contre des talibans et Al-Qaeda dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais, à la frontière afghane.

Avant d'être élu, il avait aussi plaidé pour que l'antiterrorisme en Asie du Sud englobe la résolution du conflit au Cachemire, abcès de fixation depuis 60 ans entre l'Inde et le Pakistan.

Officiellement, le porte-feuille de M. Holbrooke n'inclut pas l'Inde et le Cachemire, que New Delhi juge être une question bilatérale avec Islamabad.

Mais les Américains multiplient les visites à New Delhi depuis les attentats de Bombay, que l'Inde impute à un groupe islamiste armé pakistanais actif au Cachemire, avec la complicité des services de renseignements militaires du Pakistan.

Après ces attaques, Washington s'est échiné à apaiser les tensions entre les deux «frères ennemis», qui sont tous les deux ses alliés.

New Delhi exige d'Islamabad qu'il éradique «totalement le terrorisme» islamiste de son sol. Le Pakistan reconnaît que le carnage de Bombay (174 tués, dont neuf des dix assaillants) a été «en partie» ourdi sur son territoire.

L'Inde s'alarme aussi des percées de talibans pakistanais dans la vallée de Swat où la loi islamique se met en place. Le département de Swat se trouve à 120 km au nord-ouest d'Islamabad et non loin du Cachemire.