L'armée nord-coréenne a menacé jeudi le Japon de représailles en cas d'interception de la fusée qu'elle prévoit de lancer et que Tokyo a promis d'abattre si elle mettait en péril la sécurité de l'archipel.



«Nos forces révolutionnaires... n'hésiteront pas à mener des frappes punitives si les forces hostiles font le moindre geste pour abattre notre satellite», a menacé l'état-major nord-coréen relayé par l'agence officielle KCNA, reçue à Séoul.

«Si le Japon perd son sang-froid et abat en vol notre satellite à fins pacifiques, l'Armée populaire de libération déversera un orage de feu contre l'arsenal antimissile du Japon et ses installations stratégiques», ajoute le texte.

La Corée du Nord a annoncé qu'elle allait mettre en orbite entre le 4 et le 8 avril un «satellite de télécommunications» devant survoler le nord de l'archipel japonais. Elle a invoqué son droit à développer un programme spatial à l'instar de l'Iran qui a placé en orbite son premier satellite début février.

Mais les Etats-Unis et leurs alliés soupçonnent que ce lancement pourrait masquer un tir expérimental de missile longue portée Taepodong-2, capable de frapper un territoire américain comme l'Alaska.

La chaîne de télévision CNN a affirmé mercredi que le chargement du carburant avait débuté. Mais il est difficile de l'affirmer avec certitude, a indiqué jeudi à l'AFP un responsable de défense américain à Washington.

Le président américain Barack Obama et son homologue sud-coréen Lee Myung-Bak se sont rencontrés jeudi à l'occasion du sommet du G20 à Londres. Ils attendent une réponse internationale «ferme et unifiée» dans le cas où le Nord effectuerait un test de missile, selon une source diplomatique sud-coréenne.

La dictature communiste avait provoqué une crise à l'été 1998 lorsqu'elle avait tiré un missile Taepodong-1 qui avait survolé le Japon. Elle avait déjà, à l'époque, affirmé avoir lancé «un engin lanceur de satellite».

En juillet 2006, Pyongyang avait de nouveau effectué des tirs -- ratés -- de sept missiles, dont un à longue portée Taepodong-2, qui avaient provoqué un vif émoi. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné l'essai et adopté des mesures contraignantes.

Un troisième tir de missile longue portée serait en contravention avec la résolution 1718 des Nations unies datant de 2006 stipulant que la Corée du Nord «doit s'abstenir de tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique».

Le voisin japonais, l'un des premiers concernés en raison de sa proximité géographique, a déployé des batteries de missiles antimissiles à Tokyo et dans les environs. Les autorités de l'archipel ont fait savoir qu'elles détruiraient tout engin menaçant leur territoire en cas d'incident ou d'erreur de trajectoire. Elles ont également menacé d'accentuer leurs sanctions économiques.

A New York, l'ambassadeur du Japon auprès de l'ONU, Yukio Takasu, a annoncé que Tokyo demanderait une réunion d'urgence du Conseil de sécurité en cas de lancement de la fusée, sans préciser si son pays demanderait des sanctions.

«Cela pourrait avoir lieu ce week-end», a ajouté le diplomate, précisant que ses collègues américain et français soutenaient fermement sa suggestion.

La Corée communiste a assuré qu'elle assimilerait une interception de sa fusée à un «acte de guerre» et que de nouvelles sanctions de l'ONU seraient perçues comme «un acte hostile» entraînant la rupture des négociations sur sa dénucléarisation, actuellement au point mort.