Deux journalistes américaines, à l'emploi d'une chaîne de télé fondée par l'ex-vice président Al Gore, sont détenues en Corée-du-Nord, où elles viennent d'être accusées «d'activités hostiles», faisant monter d'un cran la tension entre Pyongyang et Washington.

L'agence officielle nord-coréenne KCNA a déclaré que les journalistes seraient bientôt jugées. «L'entrée illégale des deux reporters américains en République de Corée et leurs objectifs hostiles ont été confirmés par les preuves et leurs déclarations», a annoncé l'agence.

 

Hier, la Maison-Blanche a laissé savoir qu'un diplomate suédois a pu visiter les deux journalistes durant la fin de semaine. Aucun détail de cette rencontre n'a émergé.

Euna Lee, d'origine coréenne, et Laura Ling, d'origine chinoise, ont été appréhendées le 17 mars et sont détenues depuis. Les détails entourant leur capture sont flous. Selon une station de télé sud-coréenne, les deux femmes auraient été arrêtées par des troupes nord-coréennes alors qu'elles se trouvaient en Chine, près du fleuve Tumen, qui sépare les deux pays.

Les deux femmes enquêtaient sur le trafic humain dans la région, et plus spécifiquement sur le sort des réfugiées nord-coréennes qui fuient leur pays.

Les journalistes travaillent pour Current TV, une chaîne de télé établie à San Francisco. La chaîne a été mise sur pied en 2005 par l'ancien vice-président américain Al Gore et des associés.

La chaîne Current TV n'a pas émis de commentaires. Hier, l'organisme Committee to Protect Journalists (CPJ) a demandé au régime nord-coréen «d'expliquer les circonstances entourant la détention des deux journalistes» et a appelé à une solution diplomatique. L'organisme Reporters sans frontières a lancé une pétition demandant la libération «inconditionnelle et immédiate» des deux journalistes.

L'arrestation des deux journalistes a soulevé une vague de sympathie en Corée-du-Sud, où le public suit le dossier quotidiennement. «Les petits incidents peuvent déclencher des guerres», a récemment titré le quotidien The Korea Times. Selon le journal, Washington tente de faire libérer les deux journalistes par des voies diplomatiques, sans lever le ton publiquement.

Lancement de fusée

Cette situation survient au moment où la Corée-du-Nord projette de procéder incessamment au lancement d'une fusée à longue portée. Le régime militaire affirme que la fusée contient un satellite, mais les pays occidentaux sont sceptiques et craignent qu'il ne s'agisse plutôt d'un missile balistique.

Les États-Unis, le Japon et la Corée-du-Sud ont dit que tout lancement serait perçu comme une violation d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et entraînerait des sanctions.

Deux destroyers américains, et plusieurs navires de guerre japonais et sud-coréens, se rendent dans la région en vue du lancement, qui pourrait avoir lieu dès cette semaine.

 

Photo: AP

Laura Ling et Euna Lee