Quand des explosions et une fusillade ont retenti dans l'académie de la police de Manawan, l'officier pakistanais Mohammad Riaz a tout juste eu le temps de se barricader dans une salle de ce centre d'entraînement attaqué par un commando armé.

«La déflagration d'une grenade succède à celle d'un lance-roquette», hurlait désespéré le policier, lors d'une conversation téléphonique retransmise en direct par la télévision Aaj, alors qu'il était coincé en compagnie d'une dizaine d'officiers et de cadets.

«Lorsque les tirs ont commencé, on s'est tous regardés: on était bel et bien bloqués», a-t-il soufflé.

Au moins vingt personnes ont été tuées dans cette spectaculaire attaque menée contre un centre d'entraînement de la police à Manawan, près de Lahore.

Un commando d'une dizaine d'hommes, armés de fusils et de grenades, s'est emparé par surprise du centre et a déclenché une bataille acharnée avec des membres des forces de l'ordre envoyés en renforts.

Cette banlieue plutôt tranquille de Lahore, la mégapole de l'est du Pakistan, s'est alors vite transformée en champ de bataille: les images de la télévision montraient des policiers --morts ou blessés-- gisant à terre et des soldats rampant au sol et ouvrant le feu sur l'enceinte du centre de la police où étaient toujours retranchés les assaillants.

Au moment de l'attaque, «il y avait peut-être 750 recrues qui s'entraînaient. Des jeunes, entrés à l'académie il y a tout juste un mois, et qui n'étaient pas encore armés», a expliqué l'officier Riaz.

Des rescapés ont raconté que les assaillants avaient ouvert le feu à l'aveugle, pour faire un carnage parmi les cadets.

«On a d'abord vu une grenade lancée par dessus le mur d'enceinte et puis sept ou huit assaillants», dont «l'un portant une tunique blanche», qui «ont commencé à tirer», a expliqué depuis son lit d'hôpital un jeune policier à la télévision Geo.

«Ils voulaient faire un maximum de morts en tirant sur tout ce qui bougeait. J'ai rampé jusqu'à ce qu'un véhicule me récupère», a poursuivi le jeune homme, s'exprimant sous le couvert de l'anomymat.

Un autre s'est rappelé que l'attentat avait éclaté à 07H20 exactement: «Tout d'un coup, j'étais entouré de cadavres», a-t-il témoigné à la chaîne Geo.

Des témoins ont vu un officier blessé déchirer sa chemise pour se faire un garrot autour de son bras gauche, fuir aussi vite que possible la cour de l'école avant d'être évacué par une ambulance.

Toujours en état de siège dans l'après-midi, le centre de la police était encerclé par des paramilitaires et des soldats lourdement armés appuyés par un hélicoptère qui s'est posé à l'intérieur de l'enceinte, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Il y a 10 à 12 terroristes. La moitié portent des uniformes de policiers et l'autre ont des tenues de sport», a dit un responsable de la police, Amjad Ahmad. «Il nous faudra du temps pour nettoyer (libérer, ndlr) le centre de formation de Manawan», a reconnu un fonctionnaire du département de Lahore, Nasim Nawaz.

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