Plus de 50 personnes ont été tuées dans un attentat-suicide vendredi dans le nord-ouest du Pakistan, l'un des plus meurtriers de l'histoire du pays au moment où Washington s'apprêtait à annoncer son plan de lutte contre Al-Qaeda, dont le Pakistan est un pion essentiel.

Un kamikaze s'est fait exploser à l'heure de la prière dans une mosquée de Jamrud, une ville de la zone tribale de Khyber, l'une des régions frontalières de l'Afghanistan où l'insurrection menée par les talibans et combattants du réseau Al-Qaeda est particulièrement active.

L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, a visé une mosquée très fréquentée par des policiers et membres des forces paramilitaires, très nombreux dans cette région frontalière et ultra-sensible, bordant une route empruntée par les convois de l'OTAN se dirigeant vers l'Afghanistan.

«Je n'ai jamais vu une telle dévastation de toute ma vie», confiait Waheed Khan, un policier qui a réchappé miraculeusement au carnage, survenu au moment où la prière commençait.

«Au moment où l'imam a dit Allah u-Akhbar (Dieu est le plus grand), le kamikaze s'est fait exploser. Il y a eu une énorme explosion. Toute la mosquée s'est effondrée», a-t-il ajouté.

Cet attentat est le plus meurtrier au Pakistan depuis celui qui a détruit l'hôtel Marriott d'Islamabad le 20 septembre 2008, faisant 60 morts.

«Plus de 50 personnes ont été tuées et plus de cent blessées. 25 des blessés sont dans un état critique», a déclaré à un journaliste de l'AFP sur place Fida Mohammad Bangash, un haut responsable de l'administration locale.

«Le kamikaze se trouvait à l'intérieur de la mosquée», a indiqué Tariq Hayat, le chef de l'administration du district de Khyber, en prévenant que le bilan pourrait s'alourdir car de nombreuses victimes étaient sans doute prisonnières des décombres.

Des responsables de la sécurité ont dit soupçonner que cet attentat ait été commis en représailles aux opérations menées par les forces pakistanaises contre les talibans et autres groupes islamistes dans la région de Khyber, afin de permettre le passage des convois de l'OTAN.

Ces convois qui empruntent la passe montagneuse de Khyber, reliant la grande ville de Peshawar à la frontière afghane, sont en effet la cible de fréquentes attaques menées par les talibans.

Le président Asif Ali Zardari et le premier ministre Yousuf Raza Gilani ont tous deux «fermement condamné» cet attentat et promis que ses auteurs seraient traduits en justice.

Les zones tribales semi-autonomes du nord-ouest du Pakistan servent de repaire à des groupes de talibans afghans, chassés de leur pays depuis 2001, et à des combattants d'Al-Qaeda, alliés à des talibans pakistanais.

Ces groupes sont rendus responsables d'une vague d'attentats, suicide pour la plupart, qui ont fait plus de 1.600 morts à travers le Pakistan depuis l'assaut lancé en juillet 2007 par l'armée contre la Mosquée Rouge, un repaire d'islamistes à Islamabad.

Ils sont également accusés par Washington et par Kaboul d'utiliser les zones tribales pakistanaises comme bases arrière pour mener des attaques contre les forces internationales en Afghanistan.

Barack Obama, qui a fait de cette région sa priorité internationale, devait annoncer vendredi une nouvelle stratégie visant à éliminer Al-Qaeda d'Afghanistan et du Pakistan, d'où le chef du réseau Oussama ben Laden, selon des responsables américains, planifie des attentats contre les États-Unis et leurs alliés.

Cette stratégie inclut pleinement le Pakistan, indissociable de la problématique afghane, en accordant à ce pays une aide accrue pour l'inciter à lutter contre l'extrémisme islamiste qui ne cesse d'y gagner du terrain.