Bombe nucléaire, détournement d'avions de ligne, interruption des canaux de communication d'urgences: la Corée-du-Nord se fait de plus en plus belliqueuse, à la veille d'un lancement de «satellite» qui serait en réalité un test de missile à longue portée capable d'atteindre l'Alaska.

La marine américaine envisage d'abattre le missile avec des missiles antibalistiques SM-3 depuis des destroyers Aegis patrouillant dans la région. Fin février, un amiral a affirmé sur ABC que des SM-3 seraient utilisés si les missiles semblaient dirigés vers l'Alaska. Pyongyang a rétorqué hier en affirmant que toute action contre son satellite équivaudrait à une «déclaration de guerre».

 

La semaine dernière, le «pays ermite» a en outre prévenu les compagnies aériennes d'éviter les environs de la péninsule coréenne pendant la dizaine de jours que durent d'importantes manoeuvres militaires des forces américaines et sud-coréennes. Les avions commerciaux sud-coréens et au moins une compagnie étrangère, Singapore Airlines, ont décidé d'obtempérer. Les manoeuvres, qui simulent une invasion nord-coréenne et commençaient hier, ont été maintenues.

Les préparatifs du lancement ont été détectés au début février par des photos satellites divulguées à des médias japonais et sud-coréens, montrant le transport de conteneurs cylindriques anormaux. La Corée-du-Nord a confirmé la nouvelle à la mi-février, affirmant qu'il s'agissait d'un satellite comme dans deux autres tests en 1998 et 2006. Une bombe et un satellite utilisent la même fusée pour atteindre leur objectif. Même si aucune agence spatiale n'a confirmé l'information, la Corée-du-Nord continue de soutenir que le test de 1998 a mis un satellite en orbite.

Pour compliquer le tout, des médias sud-coréens ont rapporté la construction d'un réservoir de carburant sous la rampe de lancement, permettant un décollage surprise. La technologie nord-coréenne ne permet pas de stocker le carburant corrosif dans la fusée, ce qui allonge les préparatifs si le carburant doit être transporté par camion-citerne. Des rumeurs de préparatifs d'explosion d'une seconde bombe nucléaire, après le premier test (raté) de 2005, courent aussi.

La Corée-du-Nord a coupé hier les communications militaires avec son voisin du Sud, pour protester contre les manoeuvres militaires qui cacheraient, selon elle, des préparatifs d'invasion du Nord. Cela a forcé la fermeture automatique des frontières, emprisonnant un demi-millier de Sud-Coréens travaillant dans des zones de libre-échange. Seul signe positif, Pyongyang a demandé vendredi la reprise des rencontres militaires au poste-frontière de Panmunjong, pour la première fois depuis sept ans. Les analystes estiment qu'il s'agit d'une manière de garder ouvert un canal de communications.

Le missile de 1998, qui s'est abîmé en mer après avoir survolé le Japon, était un Taepodong-1 d'une portée de 2000 à 3000 kilomètres. Le troisième stage de la fusée a fait long feu. À l'été 2006, un test de Taepodong-2, qui pourrait atteindre l'Alaska et le nord-ouest du Canada, a complètement raté, s'écrasant à quelques centaines de kilomètres des côtes nord-coréennes.