Le Pakistan a admis jeudi des failles dans la sécurité qui ont permis l'attaque contre l'équipe de cricket du Sri Lanka mardi à Lahore, illustrées par des images très explicites, diffusées à la télévision, des assaillants prenant calmement la fuite.

Deux hommes portant des sacs à dos marchent dans une petite rue avant de grimper sur des motos où des complices les attendent, prêts à démarrer: les télévisions diffusaient en boucle jeudi les séquences filmées par des caméras de surveillance montrant la fuite de plusieurs membres présumés du commando.

D'autres images montrent un homme sautant à bord d'un rickshaw qui dévale la rue. Un autre encore gare tranquillement sa moto devant une échoppe.

L'attaque lancée en pleine ville contre l'équipe de cricket par un commando d'une douzaine d'hommes surarmés, puis la fuite des assaillants ont soulevé au Pakistan de nouvelles interrogations sur la capacité de ce pays, miné par une vague d'attentats islamistes, à se défendre contre le terrorisme.

En réponse au feu de critiques abondamment relayées par la presse, le chef de l'administration locale de Lahore a reconnu jeudi des lacunes dans le dispositif de sécurité qui entourait l'équipe sri-lankaise.

«Nous allons essayer de voir comment nous pouvons être plus efficaces dans la lutte contre les actes de terrorisme», a déclaré à l'AFP ce responsable, Khusro Pervez.

«Un terroriste ne doit réussir qu'une fois, tandis que la sécurité doit être efficace en permanence», a-t-il ajouté.

L'enquête n'a encore donné aucun résultat connu. Après avoir interpellé mercredi une vingtaine de personnes dans les milieux extrémistes, la police a publié jeudi des portraits robots de quatre membres présumés du commando.

Les croquis montrant quatre hommes aux cheveux noirs et courts, dont deux portent la moustache, ont été affichés à travers Lahore, la deuxième ville du Pakistan, dans l'est du pays.

«Nous faisons de notre mieux pour résoudre cette affaire. Des raids sont menés, nous remontons des pistes», a assuré à l'AFP le chef de la police de Lahore, Habib-ur Rehman. «Nous pensons être sur la bonne voie».

L'attaque qui a fait huit morts, six policiers et deux civils, a visé un convoi qui transportait l'équipe de cricket sous escorte policière.

La fusillade qui a opposé le commando aux policiers de l'escorte a duré environ 25 minutes, sans qu'aucun renfort de police ne parvienne sur place. Puis les assaillants ont pris la fuite et disparu dans cette ville de 10 millions d'habitants.

«Comment se fait-il qu'aucun assaillant n'ait été tué ou blessé durant les 25 minutes de la fusillade? Pourquoi aucun renfort de police n'est-il arrivé à temps? Pourquoi le secteur n'a-t-il pas été bouclé assez vite pour empêcher la fuite des assaillants?», s'interrogeait jeudi le quotidien The News.

L'attentat a soulevé une émotion d'autre plus vive qu'il a visé, pour la première fois de manière aussi ciblée, le cricket, un sport mais surtout une passion nationale au Pakistan comme partout en Asie du Sud.

Depuis juillet 2007, le Pakistan est la cible d'attentats islamistes, attribués aux talibans et combattants du réseau Al-Qaïda, qui ont fait plus de 1.600 morts.

Mais pour de nombreux observateurs, celui de Lahore signe de manière plus criante encore l'échec face au terrorisme du jeune gouvernement civil pakistanais, en fonction depuis tout juste un an.