Près de 200 mutins paramilitaires bangladais, qui s'étaient rebellés dans la capitale, Dacca, avant de déposer les armes, ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi alors que le bilan de la mutinerie est monté à 42 morts, selon les forces de sécurité.

«Nous avons procédé à l'arrestation de près de 200 membres des Bangladesh Rifles (BDR) qui avaient fui leurs casernes habillés en civils. Nous avons reçu l'ordre d'interpeller les mutins», a déclaré à l'AFP Abdul Kalam Azad, porte-parole du Bataillon d'action rapide, l'unité d'élite des forces de sécurité.

Des points de contrôle ont été établis autour du quartier général des BDR et sur toutes les routes menant hors de la capitale. «Nous fouillons les cars et les camions à la recherche d'autres soldats rebelles», a ajouté le porte-parole.

La mutinerie a éclaté mercredi au QG des BDR, une unité paramilitaire chargée de la protection des frontières. Selon les chiffres officiels, elle a fait 42 morts, après la découverte vendredi de 20 corps d'officiers ensevelis.

«Les corps ont été enterrés dans une fosse à côté de l'hôpital, dans le QG des BDR», a indiqué le colonel Rezaul Karim, numéro 2 du Bataillon d'action rapide, précisant que d'autres corps pourraient avoir été ensevelis.

Le doute plane notamment sur le sort de plus de 130 officiers retenus en otage. Selon un porte-parole de l'armée, seuls 31 des 168 officiers qui se trouvaient dans le QG des paramilitaires ont répondu présents à l'appel.

«Nous ne savons pas ce qu'il est advenu des 137 autres officiers», a ajouté cette source.

Un ministre avait évoqué plus tôt le chiffre de 50 officiers tués alors que des recherches ont été lancées, à l'aide de chiens renifleurs, notamment dans les égouts du complexe des BDR dans le quartier de Pilkhana.

Des milliers de paramilitaires ont accepté de déposer les armes jeudi après une adresse à la nation du Premier ministre, Mme Sheikh Hasina, les sommant de rendre les armes et de rentrer dans leurs casernes.

Dans cet Etat musulman laïc d'Asie du Sud secoué depuis deux ans par une crise politique, la colère couvait depuis des mois chez ces paramilitaires qui réclamaient une hausse de leur solde, des subventions pour leurs repas et davantage de congés. Le refus des officiers a provoqué la révolte.

Le chef des BDR, le général Shakil Ahmed, a été exécuté par les mutins, a affirmé un officier détenu par les rebelles.

Sa mort n'a pas été officiellement confirmée>.

«C'était un meurtre de sang-froid», a affirmé Syed M. Kamruzzaman. «Ils tiraient sur qui ils voulaient. Ils m'ont visé sept fois et j'ai de la veine de m'en être sorti», a-t-il dit.

La rébellion a mis en lumière les frustrations ressenties par une large partie de la population dans un pays parmi les plus pauvres d'Asie, touché de plein fouet par la hausse des prix et où la corruption est endémique.