Sur fond de missiles intercontinentaux et d'une visite sans précédent d'Hillary Clinton, la Corée-du-Nord est aux prises avec une querelle dynastique.

C'est du moins ce qui ressort des multiples spéculations sur la succession de Kim Jong-il, le président nord-coréen qui aurait subi une grave opération au cerveau l'an dernier.

 

À la mi-janvier, des médias sud-coréens ont affirmé que le troisième fils de M. Kim, Kim Jong-un, a été formellement désigné comme son successeur dans des réunions internes du gouvernement.

À la fin janvier, d'autres sources, chinoises celles-là, ont contre-attaqué en certifiant que l'aîné, Kim Jong-nam, est toujours dans la course parce qu'il a l'appui de la Chine, où il aurait habité de 2001 à 2007.

Tous les yeux sont tournés vers les élections nord-coréennes de mars, qui consistent en un remaniement gouvernemental pour voir si l'un des deux fils se voit attribuer un poste prestigieux.

Rappelons que Kim Jong-nam était tombé en disgrâce, en 2001, après s'être fait arrêter aux frontières japonaises avec un faux passeport dominicain. Selon les médias nippons, il voyageait avec deux femmes et son fils de 4 ans, sous un patronyme chinois, dans le but de visiter Disneyland Tokyo.

L'anniversaire de Kim Jong-il, fêté en grande pompe à Pyongyang hier, n'a pas permis de donner quelque signe que ce soit sur sa succession. La seule information nouvelle dévoilée par les médias officiels est la confirmation que le pays s'apprête à tester un missile «dans le cadre du programme spatial».

Le gouvernement sud-coréen a aussi indiqué que des préparatifs en vue du lancement d'un missile capable d'atteindre l'Alaska sont en cours. Un test du même missile en 2006 avait fait long feu.

L'absence d'un successeur désigné prend tout son sens quand on sait que Kim Jong-il a été désigné par son père dans les années 70, plus de 20 ans avant qu'il ne prenne sa place.

«Je serais surpris que Kim Jong-il n'a pas préparé sa succession», estime Erich Weingartner, un Ontarien qui a souvent travaillé pour des ONG en Corée-du-Nord et qui gère le bulletin Cankor.

«Son silence signifie peut-être qu'il ne veut pas créer de tensions dans le palais. Même si la dynastie s'arrête à lui, je crois que l'un de ses enfants sera choisi comme figure publique par un éventuel conseil de gouvernement.»