Au moins 18 personnes, dont des combattants islamistes, ont été tuées lundi dans un nouveau tir de missiles américains dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, où Washington considère qu'Al-Qaïda et les talibans ont reconstitué leurs forces, ont assuré les services de sécurité.

«Un missile tiré par un drone (avion sans pilote) américain a détruit un centre des talibans» à Bhagan, dans le district tribal de Kurram, frontalier avec l'Afghanistan, a déclaré à l'AFP un officier des forces de sécurité pakistanaises sous couvert de l'anonymat.

«Dix-huit personnes, dont des combattants islamistes, ont été tuées, a assuré un de ses pairs. Un autre officier avait affirmé quelques heures plus tôt que «deux missiles américains» avaient tué 12 «militants», dont au moins quatre «combattants étrangers».

Le terme «combattant étranger», pour les militaires pakistanais, désigne les militants qui ne sont ni pakistanais, ni afghans, souvent des militants d'Al-Qaïda arabes ou originaires d'Asie centrale.

Un responsable des services de renseignements a assuré à l'AFP que Bhagan abrite plusieurs camps d'entraînement des talibans pakistanais et afghans, et que les combattants afghans les utilisent aussi comme bases arrières pour des opérations en Afghanistan.

Des dizaines de ces engins tirés par des drones, dont seules la CIA ou l'armée américaine opérant dans l'Afghanistan voisin disposent, se sont abattus depuis l'été dans les zones tribales. Ils ont tué au moins 200 personnes, des talibans pakistanais, afghans ou combattants étrangers d'Al-Qaïda, mais aussi des civils, selon les autorités pakistanaises.

Depuis l'été, Islamabad proteste systématiquement auprès de Washington, dont il est l'allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme», en vain.

Les plus hauts responsables américains, sans l'avouer ouvertement, ont récemment reconnu à demi-mots ces tirs et les médias américains et pakistanais se font régulièrement l'écho d'accords secrets entre les deux gouvernements pour les autoriser.

Vendredi, la présidente de la Commission du renseignement du Sénat américain, Dianne Feinstein, a même assuré que les drones qui tiraient ces missiles décollaient d'une base située au Pakistan, contribuant à embarrasser un peu plus un gouvernement d'Islamabad coincé entre une opinion publique très majoritairement anti-américaine et son alliance depuis fin 2001 avec Washington dans la lutte contre Al-Qaïda et les talibans.

Le dernier tir de missiles américains avait tué, samedi, au moins 27 combattants islamistes, essentiellement des étrangers d'Al-Qaïda, en visant un camp d'entraînement du chef du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), Baïtullah Mehsud, à Ladha, dans le district tribal du Waziristan du Sud.

Sous la pression de Washington, Islamabad a lancé récemment son armée dans de grandes offensives dans plusieurs districts des zones tribales d'où les talibans afghans, épaulés par leurs pairs pakistanais et Al-Qaïda, préparent leurs attaques en Afghanistan.

Les talibans pakistanais ont considérablement accru leur influence ces dernières années dans le nord-ouest du Pakistan, où ils font régner la terreur, et gagnent même du terrain, en dehors des zones tribales.

A l'été 2007, à l'unisson d'Oussama ben Laden, ils ont décrété le jihad, la «guerre sainte» à Islamabad et ont tué près de 1.600 personnes dans tout le pays en un an et demi, dans une vague sans précédent d'attentats, suicide pour la plupart.