Le Pakistan a reconnu pour la première fois officiellement jeudi que les attentats de Bombay, en Inde, fin novembre, avaient été «planifiés en partie» sur son territoire, une déclaration saluée comme «positive» par son voisin et rival indien.

«Il s'agit d'un développement positif», a déclaré le ministère indien des Affaires étrangères en réponse à cette déclaration, tout en appelant une nouvelle fois le Pakistan à «démanteler l'infrastructure du terrorisme» sur son sol.

«Les faits se sont produits en Inde et le complot a été en partie ourdi au Pakistan», avait déclaré peu avant à Islamabad Rehman Malik, directeur du ministère de l'Intérieur, précisant que le Pakistan avait engagé des poursuites contre huit personnes, dont six sont en détention, pour la planification des attentats.

Ces huit suspects sont considérés comme les «cerveaux et organisateurs» des attaques de Bombay et six d'entre eux ont été arrêtés pour «complicité, complot et planification», a précisé M. Malik, qui a rang de ministre, devant la presse.

M. Malik, qui a livré les noms de certains des suspects, n'a pas précisé la date des arrestations. Il a indiqué que parmi les suspects figurait l'homme identifié comme le «cerveau» des attaques, Zaki ur-Rehman Lakhvi.

L'arrestation de cet homme, un important commandant du groupe islamiste Lashkar-e-Taïba (LeT), avait été annoncée début décembre par les forces de sécurité pakistanaises.

C'est la première fois à un tel niveau que le Pakistan reconnaît que les attaques de Bombay ont été, au moins en partie, préparées sur son sol. Ces attentats menés par un commando islamiste avaient fait 174 morts, dont neuf des dix assaillants, du 26 au 29 novembre dans la capitale économique de l'Inde.

Le président et le premier ministre pakistanais avaient déjà assuré l'Inde de «toute leur coopération» pour retrouver le reste des coupables.

Islamabad avait ouvert sa propre enquête et procédé à une vague d'arrestations dans les milieux islamistes dès début décembre. Des dizaines de dirigeants et membres d'une organisation caritative proche du LeT avaient alors été arrêtés.

Mais l'Inde, pays rival et voisin du Pakistan, a multiplié les accusations, affirmant même que les services de renseignement pakistanais ont participé à la préparation des attaques.

«L'objectif de l'Inde reste de voir les organisateurs des attentats terroristes de Bombay traduits en justice», a déclaré jeudi le ministère indien, qui a dit espérer que le gouvernement pakistanais «prendra des mesures crédibles pour démanteler l'infrastructure terroriste au Pakistan».

Islamabad n'a jamais nié les accusations de New Delhi selon lesquelles les attaques avaient été organisées et perpétrées par le Lashkar-e-Taïba, un groupe islamiste interdit basé au Pakistan, réfutant seulement toute implication de ses services de renseignement.

M. Malik a également cité d'autres pays dont, selon lui, les organisateurs des attaques ont, à des degrés divers, utilisé le territoire : par exemple, 238 dollars ont été transférés d'Espagne pour l'achat d'un domaine internet afin que les terroristes communiquent entre eux, ce dernier ayant été enregistré à Houston, aux États-Unis, a assuré M. Malik.

Un autre domaine utilisé par les assaillants était enregistré en Russie, a-t-il poursuivi.

M. Malik a ajouté que parmi les suspects détenus figurait un certain Javed Iqbal, un Pakistanais résidant en Espagne, arrêté à son retour au Pakistan dans des circonstances qu'il a refusé de préciser.