L'armée du Sri Lanka a nié mercredi avoir tué 16 patients dans le bombardement d'un hôpital dans la zone de guerre du nord de l'île et a accusé les rebelles tamouls d'en être les auteurs.

Le dispensaire de Putumattalan a été pilonné lundi, a révélé mardi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sans préciser qui, des militaires ou des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), étaient responsables.

«Nous n'avons pas ouvert le feu sur cet endroit lundi et il est tout à fait possible que les LTTE l'aient attaqué», a affirmé le porte-parole de l'armée, le général Udaya Nanayakkara.

La Croix-Rouge, l'une des très rares organisations à avoir accès au théâtre du conflit, s'est dite «choquée que les patients ne se voient pas accorder la protection à laquelle ils ont droit» dans un hôpital.

«Une fois encore, nous appelons les deux parties à respecter l'obligation qui est la leur, en vertu du droit international humanitaire, d'épargner en tout temps les blessés et les malades ainsi que le personnel et les établissements médicaux», a insisté le chef de la délégation du CICR à Colombo, Paul Castella.

Les troupes sri-lankaises mènent leur offensive finale contre un dernier carré de guérilleros acculés sur 100 km2 de jungle dans le nord-est de l'île.

Depuis une semaine, 25.000 civils tamouls ont fui la zone de guerre, mais 100.000 seraient encore coincés et serviraient de «boucliers humains» aux insurgés, affirme l'armée.

Renvoyant les deux camps dos à dos, l'ONU et le CICR estiment que plus de 200.000 habitants tamouls seraient pris au piège des accrochages et que «plusieurs centaines» ont déjà été tués depuis le 1er janvier.

Mardi, 19 civils fuyant les combats ont été abattus par les Tigres tamouls, ont accusé les autorités de Colombo. Les rebelles auraient ouvert le feu sur une colonne de 1.000 personnes qui franchissait la ligne de front.

Mais les insurgés ont nié être derrière cette attaque et accusé les militaires d'en être les responsables. Des commandos des forces spéciales sri-lankaises seraient entrés dans une zone déclarée démilitarisée et auraient tiré sur des réfugiés, a affirmé un cadre des Tigres cité par le site internet Tamilnet.com.

Les assertions des militaires et de leurs ennemis, tant sur le sort des civils que sur les mouvements de populations ou sur les percées de l'armée sont invérifiables: aucun journaliste n'a accès à la zone de guerre et seuls des employés du CICR et de l'ONU peuvent s'y rendre.

Du reste, le climat est très pesant au Sri Lanka: le gouvernement accuse la Croix-Rouge de provoquer une «psychose» internationale en exagérant le nombre de victimes civiles et montre du doigt des humanitaires, diplomates et médias étrangers prétendument favorables à la guérilla.