Vingt soldats et huit civils ont été tués lundi dans un attentat suicide imputé aux rebelles tamouls contre un camp de réfugiés tamouls dans la zone de guerre dans le nord du Sri Lanka, a annoncé l'armée, l'une des attaques de ce type les plus sanglantes depuis des mois.

Alors que les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ont quasiment perdu la guerre dans le nord-est de l'île, une femme kamikaze appartenant à la rébellion s'est fait exploser dans un camp situé près de Visuamadu, un secteur dont l'armée vient de prendre le contrôle, a déclaré le général Udaya Nanayakkara.

«Vingt soldats, parmi lesquels trois étaient des femmes, ainsi que huit civils ont été tués. Quarante autres civils et 24 militaires ont été blessés», a indiqué l'officier, expliquant que la «terroriste» avait activé sa charge au moment où des militaires la fouillaient à l'entrée du camp.

«Cette attaque vise à ralentir la progression de l'armée» dans le nord, a estimé le général devant des journalistes à Colombo.

Au terme de 37 années de conflit, les troupes sri-lankaises mènent depuis six semaines leur offensive finale contre les LTTE, acculés dans un triangle de 100 km2 de jungle dans le nord-est de l'île.

Quelque 22.000 civils tamouls ont fui depuis cinq jours la zone de guerre, mais 100.000 seraient encore coincés et serviraient de «boucliers humains» aux insurgés, affirme l'armée.

Renvoyant les deux camps dos à dos, l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estiment qu'environ 200.000 résidents tamouls seraient pris au piège des combats et que «plusieurs centaines» ont déjà été tués depuis le 1er janvier.

«Nous sommes en discussion avec les belligérants pour assurer un passage sécurisé par la mer afin d'évacuer 400 blessés», a déclaré lundi une porte-parole du CICR à Colombo, Sophie Romanens.

Les assertions des militaires ou de leurs ennemis sur le sort des civils, de même que sur les mouvements de populations ou les récentes percées revendiquées par l'armée en territoire rebelle, sont invérifiables: aucun journaliste n'a accès à la zone du conflit et seuls quelques employés du CICR peuvent s'y rendre.

Samedi, le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, avait de nouveau sommé les rebelles tamouls de «déposer les armes et de se rendre sans conditions aux forces de sécurité».

Les chefs de la diplomatie américaine et britannique, Hillary Clinton et David Miliband, avaient appelé la semaine dernière à un «cessez-le-feu temporaire» pour raisons humanitaires.

L'attentat suicide de ce lundi est l'un des plus meurtriers depuis des mois: le précédent remonte à début octobre lorsque des Tigres avaient visé un rassemblement politique dans le nord, tuant 27 personnes.