Le nouveau Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, a été contraint mardi de prononcer son discours de politique générale hors du Parlement, toujours bloqué par des manifestants antigouvernementaux, et s'est engagé à «restaurer la confiance».

Malgré leurs efforts, des centaines de policiers n'ont pu déloger mardi matin les milliers de manifestants qui bloquent l'accès au Parlement depuis lundi. Le nouveau Premier ministre a alors dû se résoudre à prononcer son discours depuis le ministère des Affaires étrangères.

Abhisit Vejjajiva a assuré qu'il se consacrera à tenter d'apaiser les maux dont souffre la Thaïlande, notamment sur le plan économique, après des mois d'instabilité politique, accentuée par la crise du tourisme et le spectre de la récession mondiale.

Les élus d'opposition ont boycotté le discours tandis qu'un millier de manifestants se sont dirigés vers le ministère des Affaires étrangères pour tenter d'en bloquer l'accès, avant de renoncer.

«Les mesures urgentes au cours de la première année consistent à restaurer la confiance et à stimuler l'économie», a déclaré M. Abhisit, dans un discours retransmis en direct à la télévision.

«Le gouvernement veut restaurer la confiance des touristes étrangers et accélérera les mesures pour stimuler le tourisme et les investissements», a-t-il également assuré, promettant aussi des aides à l'exportation, à l'agriculture et à l'industrie.

Des manifestants royalistes ont occupé pendant plus d'une semaine les aéroports de Bangkok fin novembre, piégeant 350.000 passagers, dont de nombreux touristes étrangers.

Le blocus des plate formes aériennes a été levé le 3 décembre, mais les pertes financières sont estimées à quatre milliards de dollars et le taux d'occupation des chambres d'hôtels est descendu très bas, au moment où débutait la haute saison touristique en Thaïlande.

Mardi, au sujet des poursuites engagées notamment contre les responsables de l'occupation des aéroports, opposés à l'ancien Premier ministre Thaksin, le nouveau Premier ministre a assuré qu'il «comptera sur le processus judiciaire en vue de la réconciliation nationale».

Le propre ministre des Affaires étrangères de M. Abhisit a joué un rôle important dans le blocage des aéroports, accentuant la réprobation chez les partisans de Thaksin, qui manifestent actuellement.

Elu le 15 décembre, M. Abhisit, dont le parti était jusque là dans l'opposition, devait prononcer initialement lundi son discours de politique générale à l'occasion d'une session extraordinaire du Parlement.

Mais cette session a été repoussée à deux reprises de plusieurs heures, alors que 9.000 manifestants pro-Thaksin, vêtus de rouge, ont bloqué les avenues menant au Parlement, pour exiger la dissolution de la Chambre des représentants et la tenue de nouvelles élections.

Le Premier ministre a alors annoncé son report à mardi. Mardi matin, les centaines policiers ne sont toutefois pas parvenus à repousser quelque 2.000 manifestants et à permettre l'accès des députés au Parlement.

Né au Royaume-Uni et diplômé d'Oxford, M. Abhisit, 44 ans, chef du Parti démocrate, a été élu Premier ministre par une majorité de députés à la faveur d'un renversement d'alliance parlementaire consécutif à la dissolution par la justice du Parti du pouvoir du peuple (PPP) des lieutenants de M. Thaksin.

Mais ses adversaires ne cessent de souligner qu'il ne dispose pas d'un mandat du peuple.

M. Thaksin avait lui-même été renversé par l'armée en septembre 2006 après plus de cinq années au pouvoir et il vit aujourd'hui en exil pour échapper à une condamnation pour corruption dans son pays.