Les dix auteurs des attentats de Bombay sont apparus jeunes, intrépides, disciplinés et implacables, selon l'image qui se dégage au fil des révélations de l'enquête officielle, en total contraste avec l'impéritie de l'appareil de sécurité indien.

Le chef de l'unité qui a mis fin à 60 heures d'affrontements a estimé que les activistes islamistes n'avaient jamais eu l'intention de garder en vie leurs otages.

«A aucun moment nous n'avons reçu de demande (de négociation) de la part des terroristes», a déclaré dimanche J.K. Dutt, chef de la Garde de sécurité nationale.

Tous les «assassinats insensés» perpétrés dans les hôtels Taj Mahal et Oberoi ont eu lieu avant que les commandos ne les prennent d'assaut, a-t-il assuré.

Les otages retenus dans un centre culturel juif de Bombay ont également été tués par leurs ravisseurs, avaient affirmé vendredi les autorités indiennes.

Les attaques ont coûté la vie à 172 personnes au moins, dont une trentaine d'étrangers, selon un dernier bilan.

Les gérants des deux hôtels ont témoigné que rien dans les attentats n'avait apparemment été laissé au hasard.

«Ils savaient ce qu'ils faisaient, ils ne sont pas arrivés par l'avant, où se trouvent tous nos dispositifs de sécurité», a souligné Ratan Tata, propriétaire du Taj Mahal, sur CNN.

«Ils ont commencé par abattre un chien renifleur et son maître», a-t-il précisé. «Il semble y avoir eu beaucoup de planification en amont», a-t-il conclu.

Une partie du groupe s'était infiltrée à Bombay depuis un mois pour y conduire «des missions de reconnaissance», se faisant passer pour des étudiants, selon des sources au sein des services indiens de renseignements.

D'autres membres auraient même pris des chambres dans un, voire les deux hôtels visés, allant jusqu'à y entreposer des armes, selon la presse.

L'unique survivant identifié, Ajmal Amir Kamal, 21 ans, capturé et interrogé par les forces de sécurité, a déclaré que le reste des assaillants étaient arrivés en canots pneumatiques, venus d'un navire capturé auparavant et dont l'équipage avait été abattu, selon la presse indienne, citant des sources du renseignement indien.

Les récits et les images des attentats montrent en outre le sang-froid des activistes islamistes, qui apparaissent calmes, confiants et concentrés sur les films des caméras de sécurité.

Un témoin de l'attaque à la gare centrale, où des dizaines de personnes ont été tuées en une vingtaine de minutes à peine, a raconté comment les tireurs, au nombre de deux semble-t-il, s'étaient relayés pour faire feu et recharger leurs armes.

Par comparaison avec l'efficacité de l'offensive, l'appareil de sécurité indien a réagi avec lenteur et maladresse. Des responsables du renseignement et de la Défense israéliens ont notamment critiqué la gestion de la prise d'otages au centre culturel juif.

Le ministre indien de l'Intérieur a quitté son poste et le conseiller à la sécurité nationale a proposé sa démission.

La presse indienne a rapporté qu'entre le début des attaques et l'arrivée des forces spéciales de la Garde de sécurité nationale, pratiquement dix heures s'étaient écoulées, dont près de trois perdues à amener à New Delhi l'unique avion capable de transporter les 200 hommes jugés nécessaires à l'opération.

«Leur arrivée tardive a permis aux terroristes de s'installer dans leurs positions», a expliqué à l'AFP le général à la retraite Afsir Karim, ancien chef d'un régiment de parachutistes, déplorant que ces forces spéciales ne soient présentes que dans la capitale.

Selon lui, «la différence entre les deux camps a tenu à l'élaboration d'un plan et à la connaissance du terrain».