Un homme d'affaires canadien, qui a choisi de ne pas répondre quand on a frappé à la porte de sa chambre d'hôtel à Bombay (Inde), a expliqué vendredi comment cette décision fut la première d'une série qui lui ont probablement sauvé la vie.

«Je me suis endormi assez rapidement, avec le décalage horaire», a rapporté ce client de l'hôtel Oberoi, Jonathan Ehrlich, dans un entretien avec la chaîne CNN depuis son domicile de Vancouver où il est rentré après les événements sanglants de Bombay.

«Une heure plus tard, on a frappé à ma porte, puis à la sonnette de la porte, et j'ai pensé: qui cela peut-il bien être?», raconte-t-il avec calme.

«Il n'y avait pas de raison pour que ce soit le personnel de l'hôtel, si tard», dit-il, «aussi je suis resté au lit, je ne me suis pas levé, je n'ai pas dit un mot».

«Cinq minutes plus tard, le chaos a commencé et les bombes ont explosé et j'ai appris deux heures plus tard à l'aéroport que les terroristes étaient d'abord allés à la réception et obtenu des photocopies des passeports des gens, cherchant des Occidentaux».

«Erlich avec un E était, je suppose, l'un de leurs premiers arrêts, et je ne suis pas sorti de mon lit et je suis encore là», a-t-il ajouté.

Dans une autre intuition salvatrice, peu auparavant, il avait décliné l'invitation d'un ami à prendre un verre au rez-de-chaussée de l'hôtel, et choisi de se reposer dans sa chambre.

Cet ami a été pris en otage quand les terroristes ont fait irruption dans l'hôtel, avant de réussir à s'échapper lorsqu'il a été conduit sur le toit.

Mais un de ses collègues, également pris en otage, «se trouve toujours à l'hôtel Oberoi», et on ignore son sort à l'heure qu'il est, a poursuivi M. Ehrlich.

Depuis la fenêtre de sa chambre d'hôtel, le Canadien a vu de la fumée, après avoir entendu une explosion. Il est sorti dans le couloir et alors entendu quelqu'un crier le mot «bombe».

«Dès que j'ai entendu ce mot, j'ai ressenti comme une explosion dans ma poitrine», se souvient-il. Il a alors jeté ses vêtements dans un sac et a couru jusqu'à la réception, «je n'avais jamais couru aussi vite», dit-il.

Dans le hall de l'hôtel, il y avait «du sang sur le sol, et des vitres cassées», alors il s'est précipité vers le sous-sol de l'hôtel appelant tous ceux qu'il voyait à fuir.

À l'extérieur, au beau milieu d'une foule énorme, un employé de l'hôtel «m'a jeté dans un taxi» jusqu'à l'aéroport.

«Vous savez, avant, j'étais l'homme le plus chanceux du monde. Maintenant, je suis doublement l'homme le plus chanceux du monde», souligne-t-il, confiant qu'il se sentait «très, très mal pour les gens en Inde».

«Si je pouvais livrer un message à vos téléspectateurs, je leur dirais d'aller voir leur agence de voyage et d'acheter un billet pour Bombay», a-t-il exhorté. «S'il vous plaît allez-y, allez-y, ils ont besoin de votre aide».