Des morceaux de corps éparpillés, un palace transformé en brasier, des clients tapis dans les chambres, terrorisés à l'idée d'être pris en otages ou exécutés: des témoins ont raconté vendredi les scènes d'horreur vécues à Bombay, cible d'attaques terroristes sans précédent.

Paul Guest, juge australien retraité, a été retrouvé par des soldats dans sa chambre de l'hôtel Taj Mahal. Il pouvait à peine croire ce qu'il a vu quand il a été secouru.

«Dans le hall de ce magnifique hôtel, c'était comme dans un brouillard, avec toute cette fumée», a-t-il raconté à la radio australienne. «Il y avait du sang partout sur le sol et des morceaux de corps».

Faisul Nagel, un garde de sécurité sud-africain raconte avoir, avec des collègues, barricadé le restaurant de l'hôtel et déplacé tout le monde en cuisine quand l'assaut a commencé.

Ils se sont protégés avec les tables et réfrigérateurs. «Et nous nous sommes armés avec des couteaux de cuisine et des couperets à viande», a-t-il expliqué à l'AFP par téléphone.

Au total, Faisul Nagel et ses collègues ont pu aider 120 personnes à s'enfuir -- dont une femme de 90 ans qui a dû être portée dans sa chaise sur 25 étages.

L'hôtel Taj Mahal figure, avec un autre hôtel cinq étoiles, l'Oberoi/Trident, parmi la douzaine de sites attaqués mercredi soir.

Une nuit de terreur pour beaucoup, dont le but était de rester le plus discrets possible pour ne pas attirer l'attention des assaillants. Avec tous ces bruits de tirs autour, inimaginable pour eux de sortir des chambres.

«Nous avons attendu des heures et des heures que l'armée vienne et nous dise de descendre», a affirmé un occidental, joint par téléphone à l'intérieur de l'hôtel Oberoi/Trident par l'AFP jeudi soir. «Nous devions rester silencieux. Ils pouvaient être en train de chercher des otages».

David Coker, 23 ans, et sa compagne Katie Anstee, venaient juste d'arriver au Café Leopold de Bombay quand tout à commencé.

«Nous venions juste de commander, ça a ressemblé à des pétards -- les gens hurlaient», a-t-il raconté au journal australien Courier-Mail.

Katie Anstee, qui comme son compagnon fêtait son récent diplôme universitaire, a été touchée à la jambe. Une balle lui a cassé le fémur, avant de ressortir de sa cuisse.

«Je me suis retournée et elle était en train de ramper vers la porte parce qu'elle ne pouvait pas marcher», raconte David Coker, lui-même éraflé par une balle.

Muneer al Mahaj, de la ville irakienne de Bassorah, n'a pu sortir de l'hôtel Oberoi/Trident qu'un jour et demi après le début de l'assaut.

«Je ne peux pas croire ce que j'ai vu ces 36 dernières heures. J'ai vu des cadavres, du sang partout», a-t-il raconté.

Dans le chaos qui régnait encore vendredi, il était impossible de savoir si tous les témoins qui avaient parlé aux médias étaient encore en vie.

L'un d'eux, en tout cas, était mort. Un homme de 73 ans, qui avait pu parler à la BBC par téléphone alors qu'il était encore prisonnier de l'hôtel Taj Mahal.

«La dernière bombe a explosé il y a 45 minutes et elle a ébranlé tout l'hôtel. Personne ne vient dans cette chambre et personne n'en sort», avait-il témoigné.

Selon son frère, la victime, Andreas Liveras, a été «assassinée de sang froid».