Réuni d'urgence loin de Bangkok pour échapper aux manifestants, le gouvernement thaïlandais a décrété jeudi l'état d'urgence dans les deux plus grands aéroports du pays afin que les forces de l'ordre puissent évacuer les protestataires qui bloquent ces infrastructures depuis deux jours.

Le siège des aéroports par les manifestants anti-gouvernementaux «est très dommageable pour le pays», a déclaré le premier ministre Somchai Wongsawat lors d'une intervention télévisée jeudi.

Afin de renverser Somchai, l'opposition s'est emparée de l'aéroport de Suvarnabhumi mardi et de celui, plus petit, de Don Muang mercredi. Les vols à l'arrivée et au départ de Bangkok ont été suspendus et des milliers de voyageurs sont coincés dans la capitale thaïlandaise.

La marine va aider la police à évacuer Suvarnabhumi et l'armée de l'air apportera son appui à Don Muang, a annoncé le premier ministre, sans préciser quand l'évacuation aurait lieu.

Cette décision a été prise lors d'une réunion à Chiang Maï, à 570km au nord de Bangkok. Le ministre de l'Agriculture Somsak Prisananantakul a précisé que ces lois d'exception s'appliqueraient autour des deux aéroports de Bangkok.

Elles autorisent l'armée à rétablir l'ordre, à suspendre les libertés civiles, à interdire les rassemblements publics de plus de cinq personnes, et à interdire aux médias de donner des informations risquant de provoquer des mouvements de panique.

Alors que les deux aéroports de Bangkok sont fermés et occupés par des milliers de manifestants, le ministre thaïlandais du Tourisme a annoncé que les autorités allaient commencer à évacuer sous 48 heures et depuis une ou deux bases militaires les très nombreux touristes coincés dans le pays.

Weerasak Kohsurat a précisé que les touristes avec des «besoins urgents» seraient acheminés vers la base aérienne d'U-Tapao, à 140km au sud-est de Bangkok, ainsi qu'à celle de Kamphaeng Saen, dans la banlieue nord de la capitale thaïlandaise. Le ministre a déclaré que les vols seraient assurés par la compagnie nationale Thai Airways et permettraient aux touristes de reprendre des vols depuis Singapour ou la Malaisie.

Par ailleurs, Weerasak a ajouté que le gouvernement thaïlandais examinait la possibilité d'utiliser des autocars et des trains pour transporter les touristes vers les autres aéroports du pays dont ceux de Phuket et Chiang Maï.

Un vol de Thai Airways en provenance de Los Angeles s'est posé jeudi sur la base aérienne d'U-Tapao, à 140 kilomètres au sud-est de Bangkok, selon la compagnie aérienne.

Jeudi, les vols au départ de l'aéroport intérieur Don Muang de Bangkok ont été suspendus en raison de manifestations anti-gouvernementales, les opposants ayant envahi ce terminal, comme le principal aéroport réservé aux vols internationaux. L'aéroport international de la capitale thaïlandaise est fermé depuis mercredi matin, occupé par des dizaines de milliers de manifestants qui demandent la démission du premier ministre.

Certains ministres ont été acheminés par avions militaires jusqu'à Chiang Maï, où se trouve le premier ministre Somchai Wongsawat depuis son retour d'un voyage à l'étranger, mercredi soir.

Dans les médias thaïlandais, on spéculait sur le fait que le premier ministre pourrait congédier le général Anupong Paochinda, chef des armées, qui a appelé mercredi à la dissolution du Parlement et à de nouvelles élections pour résoudre la crise. Mais le porte-parole du gouvernement, Nattawut Sai-kua, a assuré que le renvoi du général Anupong Paochinda n'était pas d'actualité.

Les manifestations sont menées par les militants de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD). Ils accusent le premier ministre d'être une marionnette aux mains de l'ex-chef du gouvernement, le milliardaire Thaksin Shinawatra, évincé du pouvoir par les militaires en septembre 2006, après avoir été reconnu coupable de corruption et d'abus de pouvoir.

Mais le premier ministre refuse de quitter le pouvoir. Dans une allocution télévisée, Somchai Wongsawat a déclaré que son gouvernement avait été légitimement élu et qu'il devait «protéger la démocratie pour le peuple de Thaïlande».