Dix personnes au moins ont été blessées mardi à Bangkok lors d'affrontements, ponctués par des tirs, entre partisans et adversaires du gouvernement thaïlandais, alors que la tension était à son comble dans le royaume, a indiqué la police.

La police a déclaré que les dix blessés, dont un grave, étaient des partisans du gouvernement et que huit d'entre eux avaient été touchés par des balles.

Pour la deuxième journée consécutive, des milliers d'opposants ont mené des actions visant à paralyser l'activité gouvernementale et à faire tomber le Premier ministre Somchai Wongsawat.

Peu avant les incidents, l'armée a réaffirmé qu'elle n'avait aucunement l'intention de s'emparer du pouvoir.

Les affrontements se sont produits sur une route menant à l'ancien aéroport international de Don Mueang où le gouvernement a aménagé des bureaux temporaires en raison de l'occupation, depuis le 26 août, du complexe abritant les bureaux du Premier ministre.

Un officier de police a averti que certains opposants étaient armés et que de nouveaux incidents étaient à craindre.

Mardi à l'aube, environ 10.000 manifestants, vêtus pour la plupart de jaune, en signe d'allégeance au roi, ont assiégé Don Mueang.

Des groupes de plusieurs centaines d'opposants se sont également rendus au QG des forces armées et à l'aéroport international de Suvarnabhumi, où le Premier ministre était attendu mercredi après avoir participé au Pérou à un sommet des pays de l'Asie-Pacifique (Apec).

Mais un porte-parole gouvernemental a annoncé en fin de journée que l'avion de M. Somchai n'atterrirait pas à Suvarnabhumi.

La police a signalé la présence de quelque 2.000 opposants à Suvarnabhumi dans la soirée.

Les manifestants appartiennent à une coalition d'obédience royaliste qui se fait appeler «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD) et dont l'objectif avoué est de renverser le pouvoir, qualifié de «corrompu».

Dans l'avion qui le ramenait vers la Thaïlande, M. Somchai a, une nouvelle fois, rejeté les appels à sa démission et a accusé la PAD de mener une «rébellion» contre le gouvernement élu.

M. Somchai est le beau-frère de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra qui avait été renversé en septembre 2006 par l'armée.

Les lieutenants de M. Thaksin sont revenus au pouvoir à la faveur d'élections législatives en décembre 2007, les premières depuis le putsch légitimiste de l'année précédente.

«Le peuple est celui qui prend les décisions. Mon gouvernement est arrivé (au pouvoir) à la suite d'une élection, conformément à la Constitution», a déclaré M. Somchai.

Des milliers de manifestants avaient déjà encerclé lundi le Parlement de Bangkok et forcé l'ajournement d'une importante session.

Sawit Kaoewan, un leader des manifestants qui est également secrétaire général de la principale confédération syndicale en Thaïlande (190.000 membres), a affirmé qu'une grève nationale allait démarrer mardi dans les services publics, mais aucun débrayage n'a été signalé.

Le conflit politique en Thaïlande, qui dure depuis plus de deux ans, oppose partisans et adversaires de M. Thaksin qui reste populaire parmi les masses rurales du nord mais est détesté par les élites traditionnelles de Bangkok.

M. Thaksin, qui se trouverait à Dubaï, a annoncé son intention de revenir en politique, dans une interview au magazine Arabian Business. Aucune date n'a toutefois été donnée.

M. Somchai doit rentrer mercredi en Thaïlande et a prévu de réunir les membres de son gouvernement aussitôt après dans un lieu non précisé.

«Nos combattants les pourchasseront», a averti Somsak Kosaisuk, autre leader de la PAD.

Dans l'après-midi, le commandant en chef de l'armée, le général Anupong Paojinda, a déclaré à la presse que «les forces armées avaient estimé qu'un coup d'Etat ne pouvait pas régler les problèmes du pays».