Le séisme dans le sud-ouest du Pakistan a fait plus de 70 000 sans-abri, a annoncé vendredi l'Unicef, dont près de la moitié sont des enfants déjà atteints pour certains, selon un responsable local, de maladies pouvant être mortelles faute de soins.

L'aide humanitaire continuait à progresser vendredi dans les villages du Baloutchistan, une région pauvre et montagneuse frappée mercredi par le séisme de magnitude 6,4 qui a fait au moins 215 morts, pourrait atteindre 300 tués, et a détruit des milliers de maisons de terre séchée.

Des camps de tentes, installés par l'armée ou par des organisations humanitaires, hébergent une partie des rescapés, mais beaucoup continuent à passer les nuits dehors, par des températures inférieures à zéro, faute d'abris ou par crainte des répliques.

Le tremblement de terre «a fait plus de 70 000 sans-abri, dont environ 30 000 enfants», a déclaré dans un communiqué le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), en s'inquiétant «des besoins urgents pour les femmes et les enfants», de plus en plus aigus à mesure que les températures chutent.

«A l'approche de l'hiver, les besoins les plus urgents sont les abris, l'eau potable, la nourriture, les vêtements chauds et l'aide médicale», a souligné l'Unicef.

«En raison du froid, des centaines d'enfants sont soignés pour des pneumonies, des maladies intestinales, des diarrhées et des affections respiratoires», a expliqué le docteur Ayub Kakar, responsable pour la Santé du district de Ziarat, au coeur de la zone sinistrée.

Des milliers de tentes, des couvertures et des vêtements sont arrivés dans la région, mais en nombre insuffisant. Les médicaments, en particulier les antibiotiques, manquent aussi, souligne Ayub Kakar.

«Nous craignons que le bilan ne s'alourdisse. Ces maladies, si elles ne sont pas soignées à temps, peuvent être mortelles», a-t-il ajouté.

«Beaucoup de femmes n'ont pas été emmenées dans les dispensaires et les hôpitaux, en raison des traditions de cette société très conservatrice», explique le médecin.

Pour l'Unicef, l'une des priorités est d'assurer l'approvisionnement en eau potable.

«Les enfants sont particulièrement vulnérables aux maladies comme la diarrhée et le choléra. La plupart des sources ont été endommagées, et environ 12 000 personnes à Ziarat manquent d'eau et sont approvisionnées par des camions citerne», selon l'Unicef.

Des responsables locaux ont accusé le gouvernement de ne pas faire assez pour venir en aide aux rescapés, et certains villageois affirmaient vendredi n'avoir encore reçu aucune aide.

«Certains d'entre nous ont fabriqué des tentes avec des vêtements. Personne du gouvernement ne s'est inquiété de notre sort», déclarait Allah Noor, 55 ans, professeur dans le village de Ahmadoon.

«Nos enfants ne dorment pas la nuit, à cause du froid et des secousses qui continuent à faire trembler les montagnes», a-t-il ajouté, en expliquant que les villageois n'osaient pas même retourner dans leurs maisons «pour chercher de la nourriture, par peur des répliques».

Des habitants d'un autre village, Khanozai, ont barré une route pour protester contre l'absence de secours. «Nos enfants meurent, aidez-nous», s'écriait l'un d'eux, Mohammad Khan.

L'armée a fourni jusqu'à présent 2000 tentes et 15 tonnes de rations alimentaires, a indiqué un responsable des secours, le général Mohammed Khan, en promettant une aide supplémentaire dès ce vendredi.

«Personne se sera plus sans abri, sans couvertures et sans tentes dès vendredi», a-t-il assuré.

Plusieurs pays et organisations internationales ont promis leur assistance au Pakistan, dont les États-Unis qui ont annoncé jeudi une aide d'un million de dollars.