Les députés indonésiens ont adopté jeudi un projet de loi «anti-pornographie» destiné à punir les actes considérés comme «obscènes», malgré l'opposition de partis modérés et des minorités non-musulmanes.

Après des mois de débats souvent houleux, le texte, dont l'initiative revient à des musulmans conservateurs, a été approuvé par les partis de la majorité du président Susilo Bambang Yudhoyono et les principales formations se revendiquant de l'islam. Les députés de deux partis opposés au texte, dont le Parti démocratique indonésien de lutte (PDI-P) de l'ex-présidente Megawati, ont quitté l'hémicycle en signe de protestation.

L'objectif de la loi, amendée par rapport au projet initial, est de punir les oeuvres et les actes corporels jugés obscènes et qui portent atteinte à «la moralité de la communauté». Quiconque sera reconnu coupable d'avoir fait commerce d'oeuvres pornographiques sera passible d'une peine de prison allant de 6 mois à 12 ans.

«Cette loi va protéger la culture, les coutumes et les croyances religieuses. Elle va aussi offrir une protection aux enfants», a déclaré le ministre chargé de la religion, Maftuh Basyuni, en assurant que toutes les opinions avaient été prises en compte.

Mais les opposants -partis laïques, artistes, élus de Bali ou de Papouasie...- ont dénoncé le flou du texte, à la fois sur la définition de la pornographie et sur les moyens de la dénoncer.

Ils ont également mis en exergue la dangerosité d'une loi qui, en imposant des valeurs islamiques aux minorités non-musulmanes, allait diviser la nation, une mosaïque d'ethnies aux coutumes très diverses réparties sur 6.000 îles. Les promoteurs de la loi ont assuré que le port de l'étui pénien ne serait pas poursuivi en Papouasie et que les touristes pourraient continuer à bronzer en bikini sur les plages.

A Bali, place forte de la contestation, les opposants ont annoncé leur intention de contester la légalité du texte qui, selon eux, viole la liberté d'expression. «Nous allons appeler à la désobéissance civile si nous n'obtenons pas satisfaction», a déclaré Gusti Ngurah Harta, un porte-parole.