Un missile apparemment américain a tué au moins quatre personnes dans la nuit de mardi à mercredi dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, où Washington pourchasse Al-Qaïda et les talibans, a-t-on appris auprès d'officiers des services de sécurité pakistanais.

Ce nouvel incident intervient au plus fort d'une crise entre Washington et Islamabad, pourtant son allié-clé dans la «guerre contre le terrorisme», à propos des tirs de missiles répétés par des drones, des avions sans pilote, dont seule l'armée américaine est dotée au sein des forces internationales qui combattent les talibans en Afghanistan. Des hommes du village de Khusali Toorikhel, dans le district tribal du Waziristan du Nord, un bastion des talibans pakistanais et d'Al-Qaïda, ont d'abord ouvert le feu sur trois drones, a expliqué à l'AFP un officier des services de sécurité, sous couvert de l'anonymat.

«Après les tirs sur les drones, un missile s'est abattu sur une maison du village, quatre personnes ont été tuées et neuf blessées», a ajouté cette source.

Un de ses collègues dans les zones tribales a confirmé cette information à l'AFP.

Les tirs de missiles américains visant Al-Qaïda dans les zones tribales pakistanaises sont devenus quasi-quotidiens ces derniers mois, au grand dam d'Islamabad qui proteste vigoureusement, mais en vain, assurant que ces frappes n'épargnent pas de nombreux civils.

Les autorités pakistanaises répètent à l'envie qu'elles ne toléreront plus les «violations» de la souveraineté du Pakistan au nom de la lutte contre le terrorisme, notamment après une opération commando au au sol, le 3 septembre, menée par des forces spéciales américaines héliportées contre un village du Waziristan du Nord, qui avaient tué, selon Islamabad, quinze civils.

Washington répète régulièrement son «attachement» à la souveraineté du Pakistan mais ne cesse pas ses tirs de missiles. Pire, plusieurs hauts responsables américains ont laissé entendre ces derniers temps que la stratégie des Etats-Unis serait désormais de poursuivre systématiquement en territoire pakistanais les combattants d'Al-Qaïda et les talibans afghans qui ont, selon les Américains, reconstitué leurs forces dans les zones tribales pakistanaises.

Washington multiplie les pressions intenses sur Islamabad qu'il soupçonne de ne pas produire assez d'efforts pour éradiquer la menace terroriste dans le nord-ouest du Pakistan.

Pourtant, le Pakistan qui a lancé début août une vaste offensive dans le district tribal voisin de Bajaur, paye un lourd tribut à la «guerre contre le terrorisme» depuis qu'il l'a ralliée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis: plus de 1.300 soldats pakistanais sont morts dans les zones tribales depuis 2002 et, surtout, une vague sans précédent d'attentats suicide perpétrés par les talibans pakistanais liés au réseau d'Oussama Ben Laden a fait près de 1300 morts dans tout le pays depuis un peu plus d'un an.