Loin du glamour des jeux Olympiques, les victimes du séisme du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, s'installent durablement dans des camps censés être provisoires, sans autre perspective qu'une subsistance au jour le jour.

La vie de Li Kuilan s'est arrêtée le 12 mai. Elle a perdu son mari, sa maison. Comme des millions d'autres, elle a dû s'installer dans des camps de déplacés, montés à la va-vite, qui parsèment désormais le paysage.

Aujourd'hui, elle vend des haricots rouges au «Foyer heureux», un ensemble composé de rangées de préfabriqués blancs et bleus, où vivent 8 000 personnes.

«Il ne me reste rien. Mon avenir est incertain, je gagne très peu d'argent. Hier je n'ai vendu que deux yuans (moins de 20 centimes d'euro) de haricots, je ne peux pas nourrir quatre personnes», dit la veuve de 54 ans.

Elle vit avec son fils au chômage, sa belle-fille et leur fils de quatre ans. Dujiangyan, une ville de 600.000 habitants blottie sur les contreforts de l'Himalaya, à l'ouest de la fertile plaine de Chengdu, se trouve à 50 km de l'épicentre du séisme qui a fait en mai près de 88.000 morts et disparus.

Cette semaine, la ville s'active encore pour déblayer et reconstruire. Mais le nombre vertigineux de maisons vides et de guingois, qui menacent de s'écrouler à tout moment, rappelle l'ampleur du désastre.

Et en dépit de cette frénésie pour retrouver au plus vite une vie normale, beaucoup savent qu'il faudra des années avant d'espérer une vraie amélioration de leurs conditions de vie.

Mme Li estime son séjour dans le camp à trois ans, mais d'autres imaginent y rester encore bien plus longtemps.

«On entend beaucoup parler de dons, y compris de l'étranger, pour nous venir en aide», note Luo Wenquan, 41 ans, qui essaye de vendre des gâteaux. «Il y a des plans pour créer des emplois, mais je ne vois pas comment cela va aider ma famille. Les gens sont résignés à se débrouiller tout seuls», dit-elle.

Selon les chiffres officiels, 978.000 ménages ont été répartis dans 3.400 camps de déplacés comme le «Foyer heureux». Et le gouvernement a promis des subventions aux 3,48 millions de familles rurales qui ont perdu leurs maisons.

«Le gouvernement fait ce qu'il peut, mais j'ai bien peur que cela ne suffise pas», souligne Mme Luo. Son mari est parti chercher du travail ailleurs, la laissant élever leur fils de trois ans avec les maigres revenus de son petit commerce de gâteaux.

«On nous a versé une aide de dix yuans (moins d'un euro) par jour pendant les trois premiers mois après le tremblement de terre, mais ils ont été dépensé depuis longtemps», dit-elle.

Dans le foyer, peu d'hommes. Surtout des personnes âgées, des femmes et des enfants. Pour les efforts de reconstruction, le gouvernement a mis de côté des fonds de 6,8 milliards d'euros cette année, soit en gros un quart du budget consacré à la préparation des JO qui se sont terminés dimanche.