(Pékin) Des centaines de policiers ont été déployés et des personnes arrêtées dans une ville à majorité musulmane du Sud-Ouest du pays après des affrontements liés à un projet de démolition partielle d’une mosquée, ont affirmé des témoins à l’AFP.

La ville de Nagu, située dans la province du Yunnan, a récemment accéléré un projet visant à raser quatre minarets et le toit du dôme de la mosquée de Najiaying, a déclaré lundi un habitant qui a requis l’anonymat.

La région compte une communauté importante de membres de l’ethnie musulmane Hui qui subit des pressions dans le cadre d’une vaste campagne répressive.

Samedi, des dizaines de policiers munis de matraques et de boucliers ont repoussé la foule massée devant la mosquée qui leur lançait des objets, selon des vidéos circulant sur les réseaux sociaux et le témoin.  

« Ils veulent procéder à des démolitions alors les gens sont allés les arrêter », a déclaré à l’AFP une habitante qui a également requis l’anonymat.  

« La mosquée est, pour des musulmans comme nous, notre maison », a-t-elle ajouté. « S’ils essaient de la démolir, nous ne les laisserons pas faire ».  

La police a procédé à un nombre indéterminé d’arrestations après ces affrontements et plusieurs centaines de membres des forces de l’ordre étaient toujours déployés dans la ville lundi, selon les deux témoins.  

Les habitants vivant près de la mosquée ont connu des coupures internet et des problèmes de connexion depuis samedi, ont-ils ajouté.  

Dans un communiqué publié dimanche, le gouvernement du district de Tonghai, qui administre Nagu, a indiqué avoir ouvert une enquête au sujet d’« une affaire qui a gravement perturbé l’ordre social ».  

Il ordonne aux personnes impliquées dans ces affrontements de « mettre fin immédiatement à tout acte illégal et criminel » et entend « punir sévèrement » ceux qui refusent de se rendre.  

Ceux qui se rendront volontairement aux autorités avant le 6 juin seront traités avec indulgence, selon le communiqué.  

Contacté par l’AFP mardi, un responsable du département communication de Tonghai a démenti toute coupure de l’internet mais n’a pas souhaité faire d’autres commentaires.  

La surveillance de l’ensemble des cultes s’est accrue depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping il y a une décennie. Pékin assure vouloir lutter contre « le terrorisme » et l’extrémisme en réprimant les musulmans.

Des études occidentales accusent la Chine d’avoir interné plus d’un million de Ouïghours et de membres d’autres groupes ethniques musulmans depuis 2017 dans la région occidentale du Xinjiang. Ces dernières années, plusieurs pays occidentaux, dont les Pays-Bas, la Belgique, le Royaume-Uni, le Canada, la France ou les États-Unis ont dénoncé le « génocide » des Ouïghours, à travers une motion de leur Parlement ou une prise de position de leur gouvernement.

En dehors du Xinjiang, des mosquées ont été démolies ou « rénovées de manière coercitive » pour correspondre aux critères officiels de l’esthétique chinoise, a déclaré David Stroup, un spécialiste des Hui à l’Université britannique de Manchester.